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Pour l’Italie, ça ira mieux demain

Écrit par sur novembre 14, 2017

Les Italiens n'ont toujours pas digéré leur élimination en barrages à la Coupe du monde 2018, mardi face à la Suède (0-0, après le 0-1 de l'aller). Analyse d'un échec et ébauche d'une sortie de crise.

Impuissance, désarroi, tristesse, sidération. Les adjectifs ne manquent pas depuis lundi soir pour souligner l'état dans lequel se trouve le football italien après son élimination en barrages à la Coupe du monde 2018. Certains ont parlé d'apocalypse, reprenant un terme employé par le président de la fédération italienne, Carlo Tavecchio, voilà quelques mois en imaginant l'hypothèse d'une Nazionale ne participant pas au Mondial en Russie. Et le bonhomme ne s'était pas trompé, au vu du déferlement médiatique qui secoue la péninsule, entre règlements de comptes, propositions de purges, solutions plus ou moins miracles pour reconstruire une sélection compétitive.La tristesse, d'abord. De voir un géant comme Gianluigi Buffon tirer sa révérence quelques minutes après l'élimination de son équipe d'une phase finale de Coupe du monde que l'Italie ne manquait plus depuis 1958 et qu'elle n'avait déserté auparavant qu'une seule autre fois, lors de la première édition de 1930, déclinant alors l'invitation des organisateurs uruguayens. Fidèle à ses valeurs, le joueur le plus capé de l'histoire de la Squadra Azzurra (175 matches) ne s'est pas dérobé, se présentant devant les micros de la télévision en rendant honneur à la Suède et en adossant sa part de responsabilités pour cette élimination. Responsabilités plutôt minces en la circonstance, tant "Gigi" a tenu son rang, et comme à son habitude poussé coéquipiers et public, mettant un cœur et une rage admirables dans ce match couperet. Et le garçon est même allé consoler ses camarades, sans oublier l'accolade et les félicitations aux joueurs scandinaves ! 

Pas de sixième Coupe du monde pour Buffon

Une telle attitude n'a pas fait que décupler les regrets de ne pouvoir suivre cet extraordinaire joueur dans ce qui aurait été sa sixième phase finale mondiale. Et un véritable crève-cœur de l'entendre déclarer qu'il tirait sa révérence au terme de ce match de barrage, vingt ans presque jour pour jour (29 octobre 1997) après l'avoir vu débuter au pied levé, dans le froid moscovite d'un autre barrage de Coupe du monde, remplaçant à la demi-heure de jeu Gianluca Pagliuca, blessé, sur le terrain gelé du stade du Dynamo. L'intrépide gamin qui, onze mois plus tôt avait débuté en Serie A sous le maillot de Parme dans un sommet face à l'AC Milan, avait alors démontré une personnalité folle et un sens inné des responsabilités. Le Gianluigi Buffon que l'on admirera pendant deux décennies, en somme !

Mais, lundi soir, Gigi s'est trouvé impuissant. Et désespéré, comme lorsqu'il est monté sur les tous derniers corners pour tenter de faire basculer les débats. En vain. Ni Buffon, ni les autres Italiens n'ont pu faire sauter le bunker suédois. Mais, contrairement aux Azzurri d'il y a soixante ans, mélange d'honnêtes joueurs de Serie A et «d'oriundi» sur le déclin (notamment Ghiggia et Schiffino, champions du monde avec l'Uruguay en 1950), les joueurs alignés ce lundi par Giampiero Ventura n'ont pas pris les barrages contre la Suède par-dessus la jambe et ont bénéficié d'un soutien populaire extraordinaire dans le cratère de San Siro (il y a bien longtemps que la Nazionale ne jouait à guichets fermés !). Abnégation, volonté et débauche d'énergie n'ont pas manqué. Face à la Suède, l'Italie a dominé outrageusement, tenu le ballon 75% du temps, mais, à l'arrivée, n'a pas produit les occasions nettes qui auraient dû faire la différence face à une formation solide et sans génie (on est quand même à des années lumières de la formidable Suède du trio Gre-No-Li des années 40 et 50 !).

Stérilité offensive

«Nous n'avons pas été capables de marquer un seul but en deux matches face au Suédois, notre élimination est logique», a souligné Paolo Rossi, champion du monde 1982. Fort juste. Et l'on se dit même que l'Italie aurait pu jouer une ou deux heures de plus sans trouver la faille. La faute à qui ? Au joueurs, incapables de répéter en sélection les prouesses réalisées en club ? Ou plutôt à un système de jeu privilégiant l'arrosage de la surface suédoise par des centres à répétition ? Lorsque l'on constate que les actions les plus dangereuses des Italiens sont venues par des incursions balle au pied dans le cœur de la surface ou des ouvertures dans le dos de la défense, on sera tenté de rejeter la faute sur le sélectionneur.

Ventura a beau avoir stigmatisé les erreurs d'arbitrage, celles-ci, même si elles ont été déterminantes lors de la défaite à Solna (0-1), n'expliquent pas à elle seule l'élimination de San Siro, loin de là. D'autant plus que dans ce match retour sans but, la Nazionale s'est vu graciée par l'arbitre en plus d'une occasion. Si l'on prend l'ensemble des deux manches face à la Suède, l'Italie a pêché dans deux domaines, celui des idées et de la finition. Et plus que la qualité des joueurs, ce sont les choix du sélectionneur italien qui sont critiquable. Quand l'on possède des manieurs de ballons comme Marco Verratti et Jorginho, pourquoi attendre que le premier soit suspendu pour faire jouer l'autre ? Ventura a snobé le «playmaker» napolitain pendant des mois pour l'appeler lors des barrages et ne le lancer qu'à San Siro, où il s'est révélé le meilleur homme de champ côté italien. L'aligner aux côtés du Parisien aurait donné à la Nazionale un jeu offensif moins stéréotypé. Et retiré un peu de pression au «petit hibou».

En attaque, Immobile et Belotti ont joué avec leurs tripes. Mais il est évident que les deux hommes n'étaient pas au point physiquement à cause de récents pépins. Pourquoi dans ce cas-là ne pas ravaler son orgueil et faire appel à un Mario Balotelli ? Insister avec un jeu basé sur les centres dans la surface adverse sans faire appel à un «9» comme le Niçois est plutôt étonnant, voire contre- productif. En tout cas pas pour la charnière suédoise : Granqvist et Lindelöf doivent avoir de sacrées migraines aujourd'hui tellement ils ont repoussé de ballons de la tête à San Siro !

Place aux jeunes ?

Pour Giampiero Ventura, les migraines devraient s'estomper rapidement : ses heures sur le banc azzurro sont comptées ! Et ensuite ? On parle d'un possible retour d'Antonio Conte, de contacts avec Carlo Ancelotti et même d'une piste Roberto Mancini. Mais il n'est pas sûr que tous ces messieurs soient chauds pour reprendre le flambeau. Parce qu'il va falloir tout reconstruire, à commencer par la défense : Buffon s'en va et Barzagli devrait en faire autant. Les quotidiens italiens demandent de faire place aux jeunes. Mais les Caldara, Romagnoli et autres Rugani doivent encore faire leurs preuves sur la durée au plus haut niveau en club. Tout comme les autres noms avancés ici et là (Pellegrini, Cutrone, Chiesa, Locatelli, etc.). Le successeur de Ventura devra s'armer de patience, s'appuyer sur les joueurs en forme et de qualité déjà dans le giron de la sélection (Verratti, Jorginho, El Shaarawy, Zaza, Donnarumma) et espérer que les clubs italiens ne lui mettent pas des bâtons dans les roues (titularisation de jeunes italiens, organisation de stages), tout en priant pour n'avoir pas de groupes de qualification trop durs (pas évident lorsque l'on décroche au classement FIFA…). Les Italiens doivent d'ores et déjà changer d'horizon et penser à Qatar 2022. La vraie apocalypse serait de prendre l'habitude des éliminations après ce premier faux pas en soixante ans…