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A Tourcoing, Emmanuel Macron se défend de faire « une politique pour les riches »

Écrit par sur novembre 14, 2017

Décidément, l’image de « président des riches » semble lui coller tellement à la peau qu’Emmanuel Macron se sent obligé de la pourfendre à chacune de ses prises de parole ou presque. Mardi 14 novembre, à l’issue d’une séquence politique de vingt-quatre heures en Seine-Saint-Denis puis dans les Hauts-de-France, le chef de l’Etat a détaillé depuis Tourcoing (Nord) sa vision de la politique de la ville. Avec une obsession en filigrane de son discours : démontrer qu’il n’y aurait pas, d’un côté, la politique économique de son gouvernement qui profiterait d’abord aux Français les plus aisés, et, de l’autre, des mesures sociales destinées aux classes populaires et aux quartiers en difficulté.

« Je ne sais pas ce que veut dire avoir une politique pour les riches », a déclaré d’emblée le président de la République, piqué au vif par cette formule qui « fait fureur » et à laquelle il veut « tordre le cou ». Emmanuel Macron a fort à faire en la matière, tant les décisions de l’exécutif pour la politique de la ville depuis le début du quinquennat – baisse du budget pour 2017, rabot des APL, diminution du nombre global d’emplois aidés – ont provoqué l’émoi de l’ensemble des acteurs du secteur, qui ont dénoncé le « mépris » et la « brutalité » du gouvernement.Le chef de l’Etat l’a répété mardi : il n’y aura pas, sous son mandat, d’énième « plan Marshall » pour les banlieues. Au moment où la politique de la ville fête ses quarante ans, Emmanuel Macron refuse de présenter « une politique spécifique » pour les quartiers avec « des ordres qui viennent d’en haut », préférant sonner une « mobilisation nationale » qui englobe l’ensemble de son action depuis six mois. « On aura réussi quand il n’y aura plus besoin d’utiliser l’expression de politique de la ville », a-t-il expliqué, estimant que « c’est tout le gouvernement qui doit être mobilisé » et pas seulement le ministère de la cohésion des territoires, que « l’Etat ne sait pas tout » et doit « co-construire les solutions avec les élus, les associations et les habitants de ces quartiers ».

Plan national pour le permis de conduire

Le chef de l’Etat a ainsi rappelé depuis Tourcoing toute une série de réformes lancées depuis son élection et qui concernent déjà les banlieues : la mise en place de la future « police de sécurité du quotidien » et la lutte contre la « radicalisation » islamiste. Emmanuel Macron a pointé notamment la responsabilité d’« associations salafistes », mais s’est refusé à « confon [dre] les quelques milliers de radicalisés et les millions d’habitants des quartiers populaires ». Il a également parlé du doublement du nombre de maisons de santé dans le pays, de la réforme du marché du travail, de celles à venir de l’apprentissage et de la formation professionnelle, de la création d’un « pass culture » pour les plus jeunes, ou encore du dédoublement des classes de CP en zone d’éducation prioritaire. « Tout cela, ce ne sont pas des politiques pour les plus favorisés dans le pays ! », a-t-il souligné.

Dans les mots, Emmanuel Macron promet une « rénovation morale » des banlieues et s’interdit tout recours à un catalogue de « mesures » spécifiques. Dans les actes, c’est pourtant ce qu’il a fait, mardi, depuis les Hauts-de-France. En annonçant, par exemple, un nouveau plan de lutte contre les discriminations à l’embauche dans les quartiers, qui entend « stigmatiser » publiquement et « pénaliser » les entreprises fautives.

Le chef de l’Etat a également promis la mise en œuvre d’ici à six mois d’un « plan national pour le permis de conduire » qui demande aux collectivités locales de « financer le code et le permis pour tous les jeunes » majeurs vivant dans des quartiers, relevant de la politique de ville.

Expérimentation des « emplois francs »

Mais la principale mesure du gouvernement pour les banlieues est l’expérimentation des « emplois francs » à partir de janvier 2018 dans une dizaine de territoires (quatre établissements publics de la Seine-Saint-Denis, les agglomérations d’Angers, de Cergy-Pontoise, de Sarcelles – Villiers-le-Bel, les métropoles marseillaise et lilloise, Grigny et Evry), avant leur généralisation en 2020. Toute entreprise qui embauchera un habitant issu de ces quartiers bénéficiera d’une prime de l’Etat de 15 000 euros étalée sur trois ans pour un CDI et de 5 000 euros sur deux ans pour un CDD de plus de six mois.

Expérimentés sous le précédent quinquennat, les emplois francs avaient été un échec. « Il y avait trop de règles, trop de contraintes, c’est pour cela que ça n’a pas marché », a expliqué Emmanuel Macron, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée et ancien ministre de l’économie. Les emplois francs version Macron concerneront, eux, « tous les demandeurs d’emploi » sur les territoires désignés et « sans critère d’âge ».

Le président a, par ailleurs, rappelé le doublement, à 10 milliards d’euros, du budget de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). S’il a assumé sa décision de diminuer le nombre d’emplois aidés – « Que ceux qui les défendent les prennent ! Ils n’en voudraient pas pour eux-mêmes ! », s’est-il emporté contre ses opposants – il n’a pas dit un mot, en revanche, de la baisse des APL, alors que la négociation entre l’Etat et les bailleurs sociaux pour le cofinancement de l’ANRU est au point mort.

« Changement de méthode »

« C’est un changement total de méthode sur les banlieues que je propose », se vante Emmanuel Macron, qui veut surtout donner du « concret » à l’opinion publique. Pour cela, le chef de l’Etat prévoit de « concentrer » les efforts de la politique de la ville sur « une dizaine de quartiers », encore à identifier, pour « des résultats visibles d’ici à deux ans ».

Il a fait appel aux conseils de Jean-Louis Borloo pour « aider au pilotage » de ce plan. Après la nomination, lundi, d’un responsable de gauche, le maire socialiste de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein, à la tête de l’ANRU, c’est donc vers un homme de droite que se tourne le chef de l’Etat. En espérant que l’ancien ministre de la ville de Jacques Chirac, parmi les fondateurs de l’ANRU il y a une décennie, sera une figure publique plus mobilisatrice que le ministre et le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires, Jacques Mézard et Julien Denormandie, peu visibles et muets pendant les vingt-quatre heures du « Macron Tour » en banlieue.