Christine Boutin quitte la politique après quarante ans de défense du conservatisme catholique
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 21, 2017
Christine Boutin, 73 ans, ancienne candidate à la présidentielle et pasionaria de la droite conservatrice et catholique, met fin à ses quarante ans de vie politique. Elle a annoncé, samedi 21 octobre, qu’elle allait démissionner de son mandat de conseillère départementale des Yvelines. Sa remplaçante Clarisse Demont prendra sa place au lendemain du 31 octobre.
« Je suis une femme comblée. Je suis fière de ces quarante années », a déclaré l’ancienne ministre du logement de Nicolas Sarkozy (2007-2009), lors d’une conférence de presse à Rambouillet (Yvelines) au siège du Parti chrétien démocrate (PCD), dont elle reste présidente d’honneur. « Je suis heureuse de ne pas avoir renié mes convictions », a ajouté cette catholique pratiquante, en regrettant d’avoir été « ridiculisée, ringardisée ».
Défense de la « grivoiserie »
Tout en annonçant sa sortie de la vie politique, Christine Boutin a commenté samedi lors de cette même conférence de presse la récente libération de la parole de femmes sur le harcèlement et les agressions sexuelles consécutive à l’affaire Weinstein (du nom du producteur de cinéma américain accusé de viols et d’agressions sexuelles par de nombreuses actrices). « Je ne pense pas que cette espèce de torrent de révélations soit nécessaire », a-t-elle affirmé, évoquant un « dégueulis d’accusations ».
« La grivoiserie fait partie de l’identité française et j’aime bien la grivoiserie », fait valoir Mme Boutin. En 2016 déjà, quand 17 anciennes ministres avaient dit « stop » au silence et à l’impunité autour d’histoires de harcèlement sexuel, Mme Boutin avait affirmé avoir « honte » de ses consœurs, « qui laissent entendre que les hommes sont des obsédés ».
Bible à la main à l’Assemblée
Christine Boutin s’était fait connaître à l’Assemblée nationale en 1998 lors du débat sur le pacs, dont elle avait incarné l’opposition, parfois avec une Bible à la main. Elle s’était aussi engagée résolument contre le mariage homosexuel.
Pour celle qui fut candidate à l’Elysée en 2002, le retrait de la politique active ne signifie « pas la fin de (son) intérêt pour la politique ». « Je n’abandonne pas mon rôle d’influence », a-t-elle assuré, foulard bleu noué en turban autour de la tête.
Christine Boutin a débuté en politique en 1977 comme conseillère municipale et était élue du canton de Rambouillet depuis 1982. Députée de 1986 à 2007, Christine Boutin avait pour fief la 10e circonscription des Yvelines, vaste territoire rural et conservateur, qu’elle a ensuite cédé à l’actuel président du PCD Jean-Frédéric Poisson, et qui a été remporté en juin par Aurore Bergé, figure montante de La République en marche (LREM).
Appel à voter pour Marine Le Pen
Lors de la présidentielle de 2017, Christine Boutin avait appelé à voter en faveur de Marine Le Pen contre Emmanuel Macron, s’attirant des demandes de sanctions au sein des Républicains (LR). « Je ne le regrette pas », a-t-elle assumé samedi. « Toute ma vie j’ai combattu le FN » mais, en tant qu’« anti-Macron primaire », « je voulais qu’il fasse le score le plus bas possible ».Elle « regrette » en revanche que ses paroles aient « blessé des gens dans le débat sur le mariage homosexuel ». Elle avait été condamnée en novembre 2016 pour « provocation publique à la haine ou à la violence », après avoir dit en 2014 que « l’homosexualité est une abomination ».
Décidée à « nourrir sa foi », Christine Boutin étudie désormais deux jours par semaine la théologie à Paris.