Merci aux Journées du patrimoine de réconcilier nature et culture
Écrit par Jonathan PIRIOU sur septembre 16, 2017
Depuis trois ans, les Journées du patrimoine fêtent également la nature, un terme à réhabiliter tant il est passé au second plan derrière celui d’environnement, estime, dans une tribune au « Monde », Bertrand Alliot de la LPO.
Pour la troisième fois, les Journées européennes du patrimoine consacrent non plus seulement les vieilles pierres mais aussi la nature… Des écologistes patentés ont réussi l’exploit d’infiltrer pour de bon la maison de la culture pour faire du patrimoine naturel l’égal de son cousin culturel.
Le ministère de la culture s’est rendu aux arguments des écologistes : nature et culture font toutes deux parties intégrantes de notre patrimoine, c’est-à-dire de ces « biens » qui ont une valeur même si celle-ci n’est pas économique. Protéger le patrimoine est en effet une manière de reconnaître la valeur de l’inutilité économique.
Cette action des « écologistes » est paradoxale car, pour crédibiliser le thème de l’environnement, ils n’ont cessé de mettre en exergue l’aspect utilitaire de la nature, à l’opposé de ce que leur inspiraient les sentiments désintéressés pour la nature qui leur commandaient d’agir… Nul n’ignore en effet que l’écologie naquit d’une réaction d’indignation face à la dégradation esthétique des espaces naturels.
« L’environnement ne se réduit pas à la nature »
Les premières politiques de préservations de l’environnement consistaient en effet à préserver la nature en tant que patrimoine remarquable, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’est agi très tôt de dépasser, voire de nier, l’aspect patrimonial de la nature comme le révélait en son temps Robert Poujade, premier ministre de l’environnement français (nommé en 1971), dans son livre Le Ministère de l’impossible (Calmann-Lévy, 1975).
Il montre combien les préoccupations pour le patrimoine naturel ont été décisives pour emporter la décision de création de ce ministère aujourd’hui emblématique, mais il avoue aussi que « l’un des buts principaux de ce livre est de montrer que l’environnement ne se réduit pas à la nature » et ce fut aussi toute l’ambition de son action : mettre l’accent sur la lutte contre les pollutions…