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À Brachay, Marine Le Pen revient aux fondamentaux du FN

Écrit par sur septembre 9, 2017

Pour sa rentrée politique, samedi en Haute-Marne, la présidente du Front national a concentré ses messages sur les thématiques sécuritaires et identitaires.Le nouveau Front national ne renoncera pas au «ni droite-ni gauche» mais, samedi à Brachay, devant quelques centaines de militants rassemblés sous la pluie, Marine Le Pen s'est montrée offensive sur les sujets sécuritaires et identitaires. D'un bout à l'autre du discours, ceux-ci ont dominé, comme s'il fallait y voir les contours d'une nouvelle stratégie. Le Front national rénové de mars 2018 s'appuiera-t-il sur ces «fondamentaux», dont beaucoup réclamaient le retour, au sein du mouvement, notamment après le double échec de la présidentielle et des législatives? La présidente du Front national semble résolue.Aujourd'hui, nos compatriotes de Saint-Martin, privés de tout, se voient encore volés et menacés dans leurs existences mêmes, par des bandes criminelles, obligées d'organiser leur propre défense» a immédiatement attaqué Marine Le Pen en considérant qu'être «Français dans un territoire français» devait «postuler un niveau de soutien, de solidarité et de protection qu'aujourd'hui, face à cette catastrophe, le gouvernement est incapable d'assurer».Après cette ouverture, provoquant des huées contre l'exécutif, l'ex-candidate à la présidentielle a exprimé sa «grande détermination» à «agir». Fragilisée par un débat d'entre-deux tours et les divisions internes de son parti, elle a voulu rassurer ses militants, ceux qui «espèrent un changement vital». «À ceux-là je veux dire qu'ils ne se sont pas trompés en votant pour nous» a-t-elle lancé, en assurant de ne pas «avoir ménagé (ses) efforts» et en se félicitant d'avoir pu faire élire huit députés à l'Assemblée. «Vous avez cassé le plafond de verre de 50%» a ajouté Marine Le Pen sous les applaudissements. Au passage, elle a confié son espoir de voir d'autres sénateurs FN élus lors des sénatoriales du 24 septembre. «Ce qui a été semé portera au-delà de nos personnes et de nos carrières, les germes du renouveau national dont notre pays a tant besoin».

Au-delà des promesses, le discours de Brachay s'est concentré sur les sujets sécuritaires. Marine Le Pen a dénoncé «le long chapelet des attentats islamistes» et «les bourreaux islamistes». «Je l'ai dit et je le répète, avec la profonde détermination de quelqu'un qui, enfant, à huit ans, en fut elle-même victime, je ne veux pas m'habituer au terrorisme» a-t-elle insisté en rappelant l'attentat qui avait visé son père à Paris, rue Poirier, en novembre 1976.

«Parole jupitérienne» sans «foudre»

Les militants de Brachay ont apprécié ses critiques, graves et ironiques, lancées contre Macron. «Si j'ai entendu une parole jupitérienne, je n'ai pas vu la foudre tomber. Ni sur les fichiers S, ni sur les djihadistes de nationalité française de retour sur notre sol, rien non plus sur la fermeture effective des mosquées de la haine, rien sur la réforme de notre code de la nationalité qui est une machine à franciser les djihadistes… Il semble que le statut de la première dame ou l'arrivée d'un animal de compagnie à l'Elysée soient davantage un sujet de conversation que des mesures concrètes pour l'éradication des terroristes…»

Après le terrorisme, Marine Le Pen a encore longuement dénoncé la crise migratoire, avec ses «images de submersion de l'Europe». Pour elle, les migrants ne sont que les «victimes de la bonne conscience de nos élites», «du laxisme» des dirigeants. Elle a pointé «Mme Merkel, Mr Macron et avant lui Mr Hollande et avant lui Mr Sarkozy». «Ils sont coupables des noyades en Méditerranée» a accusé la présidente du FN. «Je le dis: ceux qui organisent la submersion commettent un crime contre la France, un crime contre l'Europe, un crime contre notre civilisation française.»

Changement d'approche

Ce recentrage musclé de la parole frontiste vers ses thèmes historiques de prédilection, apparaît comme un signal. Le discours de Brachay 2017, où elle n'a pas parlé «d'euro», ni même de «souveraineté monétaire» indique un changement d'approche. Certains cadres, présents sur place, se sont félicités de ce «retour aux fondamentaux» quand d'autres, comme Sophie Montel, semblaient moins enthousiastes.

Samedi, la présidente frontiste avait d'autres cibles. Les Républicains? «Ils n'ont rien à proposer que du sous-Sarkozy». Laurent Wauquiez? «Il droitise son discours pour prendre LR, demain il le recentrera pour le conserver». La droite et la gauche? «L'écroulement d'un édifice vermoulu». La réforme territoriale? «La disparition de notre démocratie de proximité». Macron? «Une entreprise de déconstruction». La loi travail? «Une révolution» impliquant des «salariés jetables».

Aujourd'hui, le système politique est divisé en trois pôles, selon elle: l'extrême gauche, le macronisme et le Front national. Le premier serait «dominé par les islamo-trotskystes de la France insoumise», «une bouillie idéologique entre Nuit debout et la révolution bolivarienne», «un groupe d'agités». En Marche constituerait le second pôle, un «mouvement bobo» ayant une «vision ultralibérale de l'économie».

Engagée dans la refondation de son mouvement, Marine Le Pen a vanté le FN, «antithèse du macronisme» et «socle de stabilité politique et idéologique». C'est là-dessus qu'elle imagine la construction d'une «grande alternance». Sans doute pour faire oublier les critiques qui ont pesé durant la campagne sur le manque de lisibilité de son projet économique, elle a parlé devant un nouveau slogan: une boussole sur laquelle on a pu lire: «En avant pour un nouveau Front».

Conjurer les divisions

Tournée vers ce «beau projet», qui sera la priorité des frontistes jusqu'au congrès de Lille dans six mois, la présidente a invité ses soutiens et «tous les Français» à l'accompagner, au nom d'une «vision panoramique» de la France, dont elle attribue l'exclusivité à son parti. Ella a tendu la main aux «Français orphelins» de «la droite des valeurs» et de «la gauche patriote». Conquérante, elle a jugé que «la montagne» menant «aux portes du pouvoir» avait été gravie et que «la porte» était «prête de céder». Selon elle, cela serait une question de temps, de refondation et d'alliances. Samedi à Brachay, son dernier message semblait directement adressé à ses troupes, comme une façon de conjurer les divisions et les interrogations d'un parti fortement ébranlé par les dernières élections. «La tâche est grande mais aussi exaltante, a conclu Marine Le Pen, elle nous impose de nous libérer du doute et de l'irrésolution. Elle appelle à l'intelligence collective, à l'écoute mutuelle et à la fraternité militante.»