Après le Texas, Harvey menace de semer le chaos en Louisiane
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 30, 2017
Après avoir plongé dans la désolation des régions entières du Texas, la tempête dévastatrice Harvey est arrivée mercredi en Louisiane, où ses bourrasques de pluie menaçaient également de semer le chaos.
Sur des milliers de kilomètres de ces vastes étendues du Sud de l'Amérique, les secouristes restaient engagés dans une course contre la montre pour retrouver des rescapés, tandis qu'on ignorait toujours l'ampleur exacte des dommages occasionnés.
Signe de la nervosité des autorités, la plus grande métropole texane au coeur de la catastrophe, Houston, a été soumise à un couvre-feu nocturne pour éviter les pillages dans les milliers d'habitations abandonnées.
En Louisiane, un Etat encore profondément meurtri par le passage de l'ouragan Katrina en 2005, des "pluies torrentielles" ont commencé à s'abattre dans le sud-ouest, a annoncé le Centre national des ouragans.Harvey, un ouragan de catégorie 4 désormais classé tempête tropicale, a touché terre vers 05H00 du matin à l'ouest de la ville de Cameron et devrait se rapprocher durant la journée de la Nouvelle-Orléans.
Pour l'instant seuls quelques décès directement liés au désastre ont pu être confirmés, mais les médias américains indiquaient que le bilan pourrait s'élever à 30 morts, tandis que des centaines d'autres personnes restaient injoignables.
Cinq jours après avoir commencé à frapper Houston, Harvey a transformé les rues de la quatrième métropole des Etats-Unis, comptant 2,3 millions d'habitants, en rivières et des quartiers entiers en lacs.Selon les autorités, environ 30 % du comté de Harris, qui inclut Houston, serait inondé. De 30.000 à 40.000 habitations seraient endommagées, selon un bilan provisoire.
Couvre-feu
Les secouristes tentaient toujours d'atteindre des centaines de personnes bloquées par les eaux, tandis qu'entre 15 et 30 centimètres de précipitations étaient encore attendus dans la métropole.
Des sauveteurs improvisés sont venus de tout le Texas et d'au-delà pour aider les habitants.Sylvester Turner, le maire de Houston, dont l'agglomération compte plus de six millions d'âmes, y a décrété un couvre-feu de minuit (05H00 GMT mercredi) à 05H00 (10H00 GMT), pour éviter les pillages des milliers de domiciles évacués depuis samedi.
"J'impose un couvre-feu pour empêcher toute atteinte aux biens dans les maisons évacuées dans les limites de la ville", a tweeté Sylvester Turner.
"Il y a eu des pillages… Nous avons eu à faire à des voleurs armés qui faisaient le tour hier pour dévaliser notre communauté", a pour sa part expliqué le chef de la police, Art Acevedo.
Au moins un pont s'est effondré, une digue s'est fissurée et les barrages étaient menacés au Texas.
Risque d'incendie chimiqueDans le comté d'Harris, où se trouve Houston, une évacuation a été ordonnée pour les personnes vivant dans un rayon de 2,4 kilomètres autour d'une usine chimique du groupe français Arkema.
"Il s'agit uniquement d'une mesure de précaution", a tempéré le chef des pompiers du comté, même si Arkema a mis en garde contre "la possible réaction de certains des produits chimiques présents sur le site".
"Potentiellement, la réaction chimique pourrait provoquer un incendie sur le site, ce qui pourrait produire une large quantité de fumée noire", a précisé le groupe dans un communiqué.
De nombreuses industries pétrochimiques sont implantées dans cette partie du Texas, où les raffineries situées sur le passage d'Harvey étaient à l'arrêt. Selon une étude de la banque Barclays, 40 % de la capacité de raffinage américaine était arrêtée ou sur le point de l'être, mardi. Outre l'évident risque de pollution, les analystes craignent les dommages que la tempête peut causer à l'économie américaine.Le Texas représente en effet environ 9 % du Produit intérieur brut américain, et la banque d'affaires Goldman Sachs a estimé lundi que Harvey pourrait ôter 0,2 point de pourcentage au taux de croissance de l'économie américaine au 3e trimestre.
Les prix du pétrole ont ouvert en baisse mercredi matin à New York (-44 cents par rapport à la clôture de la veille à 46,00 dollars) mais le gallon (3,8 litres) d'essence bondissait de son côté de 6,26 % à 1,89 dollar. Il a pris près de 14 % depuis la clôture vendredi.
Les dégâts provoqués par la tempête pourraient atteindre les 42 milliards de dollars, selon des modélisations, faisant figurer Harvey sur la liste des cinq tempêtes les plus coûteuses jamais enregistrées aux Etats-Unis