MAYER : «J’AI REGARDÉ COMMENT ALLAIT MA GRAND-MÈRE DANS LES TRIBUNES»
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 13, 2017
A l'heure de commenter son titre de champion du monde du décathlon, le Français Kevin Mayer n'a pas caché samedi la peur qui l'a saisie après ses deux échecs au saut à la perche à 5,10 m qui auraient pu compromettre toutes ses ambitions.
Quel sentiment domine après ce titre ?
Kévin Mayer : C'est le calme après la tempête. Quand je m'effondre après le 1500 m, je sais que c'est enfin fini. Il y avait tellement de pression depuis ces derniers mois… Il n'y avait pas un seul moment où je n'y pensais pas. Et de pouvoir enfin lâcher la pression en étant champion du monde, c'était tellement plaisant, il n'y avait pas d'émotion. C'était juste une plénitude totale.
Racontez-nous l'épisode de la perche et ce saut à 5,10 m réussi au dernier essai avec la crainte d'un zéro pointé qui aurait été fatal pour la suite ?
J'ai clairement fait le saut de ma vie. Je suis tombé à Marseille aux Championnats de France et je me suis brûlé à la main et je ne pouvais pas tenir la perche. C'était le moment le plus intense de ma vie. Ma grand-mère, qui était dans les tribunes, avait de la tension et j'ai regardé après comment elle allait. C'était un soulagement de passer la barre parce que si je ne la passe pas, je ne suis rien et, si je la passe, je suis champion du monde. Tout se jouait là. Je me fais vraiment dessus sur le dernier essai. Ce n'était pas de la peur, j'étais tétanisé. Je me disais: "tu joues ta vie, tu joues ta vie, tu joues ta vie".
«Personne ne s'imagine ce qu'est le décathlon avant d'en avoir fait un»
Avez-vous réussi à apprécier le 1500 m ?
Le problème, c'est que je commençais à avoir une crampe. Je suis bien parti mais c'était le compte à rebours avant d'être champion du monde. Je n'arrivais pas à donner le tempo, j'étais juste dans l'espoir de passer la ligne d'arrivée et je m'en foutais du temps.
A qui pensez-vous maintenant ?
Je pense à mon staff. Je suis de moins en moins blessé, je suis de plus en plus compétiteur, de plus en plus technique. Et il y a mon entourage qui fait tout pour que je ne sois pas stressé.
Avez-vous conscience que vous allez changer de dimension médiatique ?
Vu ce que ça a fait pour Pierre-Ambroise Bosse (champion du monde du 800 m, NDLR), je m'attends à ce que soit encore plus relou que d'habitude mais il faudra faire le travail. On va prendre ça comme un jeu (rires).
Décrivez-nous votre sentiment sur le podium ?
C'est le moment où l'émotion sort. On se rend compte qu'on est champion du monde. Cette Marseillaise me fait chialer et me rappelle tout ce que j'ai fait depuis 10 ans à mon arrivée à Montpellier et le travail fait avec "+Bebere+ (Bertrand Valcin, son entraîneur, NDLR). Personne ne s'imagine ce qu'est le décathlon avant d'en avoir fait un.