Surprenante Saint-Nazaire
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juillet 25, 2017
De la presqu'île guérandaise, on connaît surtout La Baule. Mais ce territoire au sud de la Bretagne réserve d'autres surprises, à commencer par Saint-Nazaire.
De prime abord, on pourrait imaginer que la cité industrielle connue pour ses chantiers navals et détruite à 85 % lors de la Seconde Guerre mondiale a tout du remède contre le tourisme, tant l'image de ville grisâtre lui colle à la peau. Et pourtant, sans renier ses racines ouvrières, « la ville aux 20 plages » a su gagner ses galons de cité balnéaire attachante.
Balade à l'ombre des paquebots
Toute visite de Saint-Nazaire doit commencer par son port. Pourquoi ? Parce qu'il est la raison d'être de la ville et le témoin privilégié de son histoire. S'il ne reste pas grand-chose des installations transatlantiques qui faisaient de Saint-Nazaire le point de départ de toutes les croisières à destination de l'Amérique centrale, les vestiges de la Deuxième Guerre mondiale sont toujours là. À commencer par la base sous-marine. C'est une des cinq bases construites sur la façade atlantique par l'Allemagne nazie. L'imposant blockhaus, dont l'épaisseur du toit atteint près de huit mètres, abrite aujourd'hui l'Espadon. La visite de ce sous-marin long de 78 mètres et dans lequel cohabitaient jusqu'à 65 hommes d'équipage sous les mers du monde entier est un moment émouvant.plus loin, derrière l'écluse fortifiée, sur la terrasse panoramique. Il y a là une jolie vue sur l'estuaire s'ouvrant vers le large, le pont, et au premier plan le chantier naval. On y construit actuellement Symphony of the Seas, le plus grand paquebot du monde. Au-dessus, on aperçoit une curieuse passerelle flanquée de larges rayures rouges et blanches. Il s'agit en fait du Très Grand Portique (TGP) qui fait la fierté du chantier naval. Cette masse d'acier permet de soulever jusqu'à 1 400 tonnes et de produire les navires plus vite que tous les autres concurrents européens. Impressionnant. De là, ne redescendez pas sans avoir cherché le point de vue exact où les formes rouges, éclatées sur tout le site portuaire, se rejoignent pour former l'œuvre de Felice Varini, Suite de triangles, Saint-Nazaire 2007.
La principale attraction touristique de Saint-Nazaire est l'Escal'Atlantique. Au cœur de la base sous-marine, ce musée immersif plonge le visiteur dans le quotidien des passagers des transatlantiques des années 1920 à nos jours. Depuis la passerelle d'embarquement jusqu'aux cabines, en passant par le pont promenade et la salle à manger, c'est tout le raffinement du France et du Normandie qui reprend vie. L'exposition n'oublie pas pour autant de mettre en lumière l'expérience bien différentes des passagers de troisième classe, et la face cachée des navires, où des milliers de petites mains s'affairaient durant les traversées.
Détour par La Havane
Sorti de l'obscurité du musée qui protège les 200 objets d'époque issus des paquebots, il est agréable de se promener en bord de mer. Du port au centre-ville, le littoral alterne plages et criques, promontoires et falaises, pêcheries et bistrots. Pour découvrir Saint-Nazaire la balnéaire, deux options : le chemin côtier qui s'étire sur plusieurs kilomètres, ou la toute nouvelle promenade le long du front de mer. Si quatre des plages viennent de recevoir le label Pavillon bleu, gage de la qualité des eaux de baignade, la plus courue est celle du quartier Saint-Marc. Les cinéphiles s'y pressent car Jacques Tati y a tourné Les Vacances de Monsieur Hulot en 1951. Les tentes bayadères qui abritaient les baigneurs ont disparu, mais la plage est restée intacte avec son petit cirque de falaises en arc de cercle et son bout de jetée où les pêcheurs vont ramasser des éperlans que l'on déguste tout juste grillés au restaurant de l'hôtel de la Plage.
Une fois rassasiés, les amateurs de belles pierres doivent absolument faire un détour par La Havane. Face à la mer, ce quartier historique du centre-ville, dont les noms de rue font écho aux destinations autrefois desservies par le port, ne manquent pas de charme. Préservées des bombardements de la guerre et parfaitement entretenues, les villas colorées de style basque, breton ou normand témoignent de la fantaisie des habitants, soucieux de conjurer l'image de ville austère.
Pause gourmande dans les marais de Brière
À une poignée de kilomètres de Saint-Nazaire, la réserve naturelle de Brière vaut le déplacement. Ce gigantesque marais qui revendique plus de 130 kilomètres de canaux se découvre en blin, une sorte de barque à fond plat que l'on fait avancer à coups de perche. Ici, perdu dans la nature, seul le bruissement des roseaux vient perturber le silence. Des nénuphars blancs et quelques iris jaunes balisent les plans d'eau qui abritent paraît-il plus de 140 espèces d'oiseaux. Et, s'il fallait une raison supplémentaire de passer quelques heures dans ces terres humides, la table étoilée d'Éric Guerrin, très justement baptisée « La Mare aux Oiseaux », est depuis 1995 un incontournable de la presqu'île de de Guérande.