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Soupçons d’emploi fictif: Ladreit de Lacharrière mis en examen

Écrit par sur mai 14, 2017

L'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière a été mis en examen vendredi pour abus de biens sociaux dans le cadre de l'enquête sur le possible emploi fictif de Penelope Fillon à La Revue des deux mondes dont il est le propriétaire, a indiqué dimanche une source proche de l'enquête.

Comme l'a révélé Le Journal du dimanche, les juges d'instruction en charge du dossier des emplois controversés de Mme Fillon, ont convoqué l'homme d'affaires, proche de l'ancien Premier ministre, pour un interrogatoire qui a duré plusieurs heures, a confirmé la source. L'avocat du PDG du groupe Fimalac, ressorti du bureau des juges sans contrôle judiciaire, n'était pas joignable dans l'immédiat dimanche.

L'enquête des magistrats vise notamment les emplois rémunérés de Penelope Fillon comme collaboratrice parlementaire auprès de son mari quand il était député de la Sarthe, puis de son suppléant à l'Assemblée, ainsi qu'à La Revue des deux mondes où elle avait été salariée en CDI, avant d'en démissionner. Les enquêteurs s'interrogent sur la réalité de ces emplois.

L'affaire, née des révélations du Canard enchaîné fin janvier, a empoisonné la campagne présidentielle de François Fillon, candidat de la droite éliminé au premier tour.

Au total, Penelope Fillon a perçu 680.380 euros nets d'émoluments pour ses contrats à l'Assemblée nationale, sur la période de 1986 à 2013, et 3.500 euros nets mensuels pour son emploi à la revue, entre mai 2012 et décembre 2013.

Dans le volet des emplois à l'Assemblée, elle a déjà été mise en examen notamment pour complicité et recel de détournement de fonds publics, ainsi que François Fillon et son ex-suppléant Marc Joulaud pour détournement de fonds publics.

S'agissant des soupçons d'emplois fictifs à la Revue des deux mondes, outre son propriétaire, M. Ladreit de Lacharrière, le couple Fillon a été mis en examen pour "complicité et recel d'abus de bien sociaux".

D'après des sources proches du dossier, "une dizaine de notes et fiches de lecture ont été retrouvées", mais seules deux recensions ont été publiées dans la revue. Penelope Fillon, qui a admis ne s'être jamais rendue dans les locaux du magazine littéraire, aurait aussi eu un rôle de conseil éditorial, sous la forme d'entretiens informels, avec M. de Lacharrière, qui voulait relancer la publication.

Le contrat de Mme Fillon, établi sur 281 jours par an "lui laissait une totale liberté" pour organiser son travail, avait justifié l'avocat de François Fillon, Antonin Levy.

A l'époque, François Fillon avait demandé à son ami "s'il avait une idée pour trouver du travail pour son épouse (…) Elle n'a pas demandé de salaires. Lui non plus", a relaté une source proche du dossier. Après son embauche, elle a cumulé cet emploi avec un nouveau contrat de collaboratrice à l'Assemblée, à partir de juillet 2012, lorsque son mari est redevenu député.

"A aucun moment (…) je n'ai eu la moindre trace de ce qui pourrait ressembler à un travail de conseiller littéraire", avait cependant assuré le directeur de la revue d'alors, Michel Crépu, au Canard enchaîné.

Lors de la campagne, François Fillon a reconnu que sa société de conseil 2F avait conseillé Fimalac, et qu'il avait obtenu en 2013 un prêt de 50.000 euros de son ami, somme qui a été remboursée mais non déclarée.

L'homme d'affaires – qui possède la 23e fortune de France, estimée à 2,4 milliards de dollars en 2016 par le magazine Forbes- a été élevé en 2011 à la dignité de grand'croix de la Légion d'honneur, sous le gouvernement de M. Fillon. Il a vigoureusement exclu tout lien entre ce titre et le contrat de Mme Fillon.