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Valls vote Macron et coupe les ponts avec le PS

Écrit par sur mars 29, 2017

 

L'ancien Premier ministre a exposé mercredi sa «position responsable» l'amenant à voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour. Il a surtout levé le voile sur ses intentions pour la suite de sa vie politique.

  Valls vote Macron et coupe les ponts avec le PS

Moteur à explosion de la gauche française, Manuel Valls a eu mercredi des pudeurs de diesel. Deux mois jour pour jour après avoir perdu la primaire face à Benoît Hamon, après huit semaines de feuilletonnage politique, l’ancien Premier ministre avait pris rendez-vous sur RMC et BFM-TV pour exposer les raisons qui le feront finalement voter pour Emmanuel Macron. Mais l’ex-chef de la majorité y est allé crescendo pendant vingt minutes. Commençant par expliquer son choix par le danger du Front national, avant de régler ses comptes avec l’intégralité de son camp, de Benoît Hamon aux frondeurs socialistes en passant par François Hollande et Martine Aubry. Comme pour couper une bonne fois pour toutes les ponts avec le Parti socialiste avant l’avènement de la «maison des progressistes», qu’il veut construire depuis près de dix ans. 

Le registre lexical du vallsisme

Au passage, Valls n’est que miel à l’égard de François Bayrou, lui aussi rallié à Macron, justifiant les discussions qu’il a entamées avec le président du MoDem il y a quelques semaines : «Je ne pense pas que la politique soit la guerre civile.» Soit un socialiste et un centriste s’imaginant en piliers de la future majorité présidentielle du candidat «ni droite ni gauche».

LES RÉACTIONS«Pathétique», «minable»: les soutiens de Hamon descendent Valls

Mais pour l’heure, Manuel Valls doit justifier sa décision de ne pas respecter la charte de la primaire de gauche par laquelle les candidats s’engageaient à soutenir le vainqueur. Tout le registre lexical du vallsisme y passe : «assumer», «responsabilités», «amour de la France», «risque pour la République»… «L’intérêt supérieur de la France va au-delà des règles d’un parti», évacue Valls. Donc «non», il ne votera pas Hamon et «oui» il choisira le bulletin Macron dès le 23 avril. «Manuel, tu nous fais honte», tonne immédiatement le député marseillais Patrick Mennucci sur Twitter. «Ce n’est pas une question de cœur, c’est un choix de la raison», explique ensuite Valls qui s’entortille un peu sur la nature de son soutien à l’ancien ministre de l’Economie, qu’il n’a eu de répit de contrer quand il dirigeait le gouvernement. Macron ne cessant de répéter qu’il n’est pas une «maison d’hôtes» pour socialistes en perdition, Valls est un peu coincé : «Ce n’est pas un ralliement, c’est une prise de position responsable» face au danger du Front national. Il pense Marine Le Pen sous-estimée dans les sondages et craint une abstention de masse qui profiterait à la candidate de l’extrême droite : «Rien n’est joué. Marine Le Pen est à 30% et vous pensez qu’elle ne peut pas gagner ?»

«Une volonté d’implosion et une revanche personnelle»

C’est propre et net. Il pourrait s’arrêter là. Après avoir réuni son premier cercle toutes les deux semaines et distillé ses critiques au compte-gouttes, Manuel Valls n’avait laissé aucun doute sur son choix personnel. Mais le front commun pro-Macron ne fait pas l’unanimité parmi ses proches, surtout ce calendrier précipité. A l’instar des derniers partisans de François Hollande, certains vallsistes, comme Mathieu Klein, Carlos Da Silva ou Christophe Borgel, auraient préféré attendre l’approche du premier tour de la présidentielle pour ensuite se consacrer à la formation d’une coalition pour les législatives. Pour un invité régulier aux réunions vallsistes, il y a à la fois «une volonté d’implosion» et un peu de «revanche personnelle». A ses partisans, Valls a d'ailleurs annoncé qu’il ne voulait plus du PS et qu’il ne ferait pas le prochain congrès prévu à l’automne.

L’ancien Premier ministre poursuit donc son cavalier seul en tapant ses anciens camarades. Il avait qualifié la campagne de Benoît Hamon d’agressive, cette fois, il la dit «dangereuse» et rend le candidat socialiste responsable de sa défection : «Ce n’est pas de ma faute si la candidature de Benoît Hamon est à 10%. Qui a fait le choix de ne pas occuper une position centrale à gauche après la primaire ? Qui dans le dernier débat s’en est pris à Emmanuel Macron, sur le financement de sa campagne, qui l’a qualifié de marchepied du Front national ?» Pour lui, la «gauche de gouvernement est en voie de marginalisation» avec Benoît Hamon. Son successeur à Matignon, Bernard Cazeneuve, et les ministres engagés loyalement derrière le candidat socialiste apprécieront la leçon. Il n’imagine pas être exclu du Parti socialiste et raille ses dirigeants, dont Jean-Christophe Cambadélis, qui ne disent rien avant le premier tour et appelleront au front républicain pour le second.

«Petit chef d’un grand rien»

Au-delà de cette présidentielle «folle», Valls rend Hollande et Aubry co-responsables de l’état actuel de la gauche faute d’avoir clarifié les positions au sein du PS quand ils étaient premiers secrétaires. «Le fait que nous n’ayons pas tranché toute une série de questions sur le rôle de l’Etat, sur la fiscalité, la décentralisation avant 2012, ces débats ont empêché François Hollande d’être candidat et m’ont empêché de remporter cette primaire. Pour l’avenir il faut retrouver de la cohérence», prévient Valls qui a son plan en tête : quitter le PS et monter son propre parti. L’ancien Premier ministre, qui a toujours été minoritaire au sein du PS, se voit en patron d’une formation pivot au sein d’une gauche explosée. «Il faudra tenir le pays et le pays c’est quoi, un président et un Parlement […] Il faudra tenir le pays et la responsabilité des progressistes, c’est de le défendre», explique Valls, qui saute dans l’inconnu. Pour un de ses anciens partisans, «il devient le petit chef d’un grand rien».