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On n’est pas protégés comme il le faudrait” : pourquoi les Guyanais sont en colère

Écrit par sur mars 27, 2017

Des magasins fermés, des routes barrées… La Guyane a entamé, lundi 27 mars, son premier jour de grève générale illimitée, après plusieurs jours de mouvement social. Ses habitants demandent aux autorités de prendre à bras le corps les problèmes de sécurité, de santé et d'éducation qui touchent cette région d'outre-mer. Trois Guyanais ont confié à franceinfo ce qu'ils vivent au quotidien. 

Sonia, enseignante : "Je ne rentre jamais seule chez moi"

C'est devenu un rituel. Le soir, quand elle termine les cours, Sonia Garnier ne part jamais dans la foulée. Elle attend toujours ses collègues. "Je ne rentre jamais seule. Et tant pis s'il faut poireauter vingt ou trente minutes,explique cette enseignante de la commune de Grand Santi. Je ne veux pas prendre de risques."

Il faut dire que la Guyane connaît le taux d'homicides le plus élevé de France, selon un document du parquet de Cayenne : 42 homicides pour 250 000 habitants en 2016. "Même Marseille et les Bouches-du-Rhône, réputées pour leur violence, sont en dessous des chiffres guyanais", a déclaré à l'AFP le procureur de la République.

Sonia Garnier dénonce un "gros manque" d’effectifs dans la gendarmerie. "Ils font ce qu'ils peuvent, mais ils ne sont pas assez nombreux. On le voit bien quand on les appelle, ils arrivent souvent trop tard. On n'est pas protégés comme il le faudrait." Dans ce contexte, cette mère de famille oblige ses deux enfants de 6 ans "à ne jamais se quitter des yeux quand ils jouent devant la maison" : "J'aimerais leur donner plus de libertés, mais je ne peux pas."

Alexia, lycéenne : "Quand on a un ordinateur pour cinq, c'est bien"

Il y a quelques jours, Alexia Asselos est venue au lycée pour rien. Les cours ont dû être annulés parce que sa salle était inondée. "Ça peut arriver, mais pas tous les mois !" se plaint cette élève de 16 ans, scolarisée en première scientifique. C'est l'un des nombreux signes du manque de moyens accordés aux établissements guyanais.

Alexia Asselos cite également les fientes de chauves-souris retrouvées sur les murs de son lycée ou les portes qui ne ferment plus. Dans son établissement, des bungalows ont été installés pendant des travaux. "Ça devait être temporaire, ça va faire dix ans maintenant." A l'intérieur s'entassent une trentaine d'élèves. Et c'est premier arrivé, premier servi.

Il n'y a pas de chaises ni de tables pour tout le monde.

Alexia

à franceinfo

Niveau matériel, "on manque de tout", confie-t-elle. L'adolescente évoque les manuels qu'il faut se partager, mais aussi les ordinateurs "dépassés" et "toujours en panne" : "Quand on en a un pour cinq, c'est bien." Alexia Asselos se sent abandonnée, bien loin des conditions d'études en métropole. "J'ai une amie en région parisienne. Elle aussi est au lycée. Quand on s'appelle, je n'ai pas l'impression qu'on prépare le bac dans les mêmes conditions."

Valérie, médecin : niveau santé, "c'est la débrouille"

Chaque jour, c'est le même va-et-vient dans le cabinet de Valérie Pouzyreff. Cette généraliste, installée à Remire-Montjoly, reçoit 35 patients quotidiennement.

Je sature, mais je ne peux pas dire stop. Si les gens viennent, c'est qu'ils ont besoin que je les aide à guérir. Alors on s'adapte, on prend tout le monde, on fait des journées plus longues.

Valérie Pouzyreff

à franceinfo

L'offre de soins est très insuffisante en Guyane. Les médecins traitants ne sont pas assez nombreux. "Mais c'est encore pire pour les spécialistes", regrette Valérie Pouzyreff. Vous aurez beau chercher, vous n'y trouverez pas le moindre rhumatologue, assure-t-elle. Il n'y a qu'une poignée de pédiatres libéraux. Et pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue, comptez un an de délai. Quand un patient fait un AVC, "nous n'avons pas les capacités de le soigner, alors il est transféré en Martinique, explique la praticienne. C'est de la débrouille, mais ce n'est pas normal quand on a la santé des gens entre les mains."