“Cabinet noir” à l’Elysée: ce que dit le livre mentionné par Fillon
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 24, 2017
Certains passages du livre cité par François Fillon sur le plateau de "l'Émission politique" sur France 2 accréditent l'idée d'un "cabinet noir" chargé de lancer des affaires politico-financières contre les adversaires du président.
Ce n'est pas un cabinet noir, mais ça y ressemble beaucoup: jeudi soir dans "l'Émission politique" de France 2, François Fillon, qui s'estime victime de "fuites" organisées par le pouvoir pour nuire à sa candidature, a directement mis en cause le chef de l'Etat: "Il y a un livre qui sort ces jours-ci, […] qui explique comment François Hollande fait remonter les écoutes judiciaires qui l’intéressent à son bureau, ce qui est une illégalité totale." Malgré la réfutation des propos de François Fillon par Didier Hassoux, l'un des auteurs du livre sur lequel le candidat appuie ses accusations, certains passages de Place Beauvau, Police: les secrets inavouables d'un quinquennat laissent penser que ce genre de dispositif existe.
Prudents, les auteurs préviennent: "Il n’est pas possible d’en apporter la preuve formelle. Comme il n’est pas possible de prouver le contraire !" Ils ajoutent cependant: "Mais l’addition d’indices troubles et de témoignages étonnants interroge. Plusieurs observateurs bien placés dans l’appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l’existence d’une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d’action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial."
Affaires politico-financières pilotées par l'Elysée
Certes encore loin d'un chef d'Etat "jamais allé aussi loin dans l'illégalité", la description de ce système de surveillance continue cependant:
"Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable. Hollande a su en tirer profit. D’abord il y a Tracfin, le service de renseignement de Bercy, le ministère piloté durant tout le quinquennat par Michel Sapin, un ami de quarante ans du Président. La plupart des affaires judiciaires qui ont empoisonné Sarko et les siens ont trouvé leurs racines ici, dans cet immeuble ultra-sécurisé du 9e arrondissement de Paris, entièrement classé secret-défense. Là, cent vingt fonctionnaires sont habilités à fourrer leur nez dans les comptes en banque de n’importe qui. Chaque semaine, le patron de Tracfin prend le chemin de l’Elysée pour assister, avec les directeurs des six autres services secrets, à la réunion organisée par le coordinateur du renseignement."