La justice bloque à nouveau Donald Trump
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 16, 2017
Un juge de Hawaï a suspendu la seconde version du décret gelant l’immigration venant de six pays. Le président américain promet d’aller jusqu’à la Cour suprême.Donald Trump s’est à nouveau heurté à la justice, mercredi 15 mars. Saisi par l’Etat de Hawaï, le juge fédéral Derrick K. Watson, qui avait été nommé par Barack Obama, a bloqué la seconde version du décret visant à geler l’immigration en provenance de six pays d’Afrique et du Moyen-Orient : l’Iran, la Libye, la Syrie, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Comme pour le premier texte, ce magistrat a estimé que sa suspension permettrait d’éviter un « préjudice irréparable » parce qu’il vise, selon lui, spécifiquement une confession : l’islam. Paraphé le 6 mars, il devait entrer en vigueur quelques heures seulement après la décision du juge Watson, jeudi 16 mars.
La décision est tombée peu avant un meeting du président américain organisé à Nashville (Tennessee) par l’équipe chargée de sa campagne de réélection en 2020. M. Trump l’a fait huer en revendiquant la légitimité d’une mesure prise au nom de la sécurité « de notre nation et de notre peuple ». « Cette décision nous fait paraître faible, ce que nous ne sommes plus par ailleurs », a-t-il assuré.
Le locataire de la Maison Blanche a par ailleurs regretté que le texte bloqué soit une version « édulcorée » du premier. Rédigé précipitamment et signé le 27 janvier, ce dernier avait provoqué le désordre dans les aéroports américains, obligeant l’administration à une série de rectifications.
La seconde mouture vise toujours à protéger les Etats-Unis contre « l’entrée de terroristes étrangers » en gelant pour une période de quatre-vingt-dix jours l’accès au territoire américain d’un certain nombre de ressortissants étrangers. Mais contrairement à la première version, le texte précise qu’il ne s’applique ni aux titulaires d’un permis de séjour permanent, ni aux binationaux, ni aux personnes déjà détentrices d’un visa. De même, il ne comporte pas l’interdiction sine die de l’arrivée de réfugiés en provenance de Syrie, mais prévoit un gel de cent-vingt jours visant tous les réfugiés, quel que soit leur pays d’origine.
Faute originelle
L’Irak, qui figurait dans la liste des pays concernés dans la première version, en a été retiré à la demande pressante de Bagdad, qui menaçait Washington de mesures de rétorsion en pleine offensive contre l’organisation Etat islamique (EI) à Mossoul, une bataille dans laquelle les conseillers américains sont très actifs. Les exceptions prévues initialement pour les minorités religieuses, qui accentuaient les soupçons de discrimination…