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Benoît Hamon est parvenu à incarner la vraie alternative à Manuel Valls

Écrit par sur janvier 23, 2017

 

Bonjour, quel enseignement tirer de la faible participation à cette primaire comparée à celle de la droite ? Cela confirme-t-il les sondages donnant le candidat PS cinquième au premier tour de l’élection présidentielle ?

Nicolas Chapuis : Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour le Parti socialiste. Une primaire tire sa légitimité de l’élan populaire qu’elle soulève et de son organisation. Avec un million de votants en moins par rapport à 2011 (chiffre provisoire) et près de trois millions de votants de moins que la primaire de la droite en novembre, la dynamique n’est clairement pas bonne. De plus, le flou autour de la participation (nous attendons encore les chiffres définitifs à cette heure) et du score final n’est pas de nature à donner confiance aux électeurs.

Cela ne préjuge en rien du futur score à la présidentielle du candidat issu de la primaire à gauche. La campagne va être longue et promet encore des surprises, si l’on en croit les multiples rebondissements qui ont eu lieu jusqu’à présent. Mais que ce soit Hamon ou Valls, le vainqueur dimanche prochain ne bénéficiera pas d’un tremplin comme en 2011.

Gatien : Bonjour, existe-t-il des chances que le perdant du deuxième tour choisisse de ne pas se ranger derrière le gagnant vu leurs différences idéologiques ?

Nicolas Chapuis : J’ai du mal à croire à un éclatement aussi spectaculaire du PS. Le perdant sera obligé de reconnaître sa défaite et de soutenir au moins en apparence le gagnant. Ne serait-ce que pour ne pas hypothéquer la suite de sa carrière politique, en portant la responsabilité de l’explosion du PS. Mais dans l’électorat, la fracture pourrait être réelle. Si Benoît Hamon l’emporte, les électeurs de Manuel Valls ne seront-ils pas tentés de voter Emmanuel Macron qui peut apparaître plus proche de leurs positions ? Le raisonnement est le même en cas de victoire de Manuel Valls : les électeurs hamonistes ne vont-ils pas se tourner vers Jean-Luc Mélenchon. Ce sera le défi du vainqueur : être capable d’empêcher l’hémorragie parmi les partisans de son adversaire.

: Un organisme autre que la haute autorité peut-il invalider le résultat de la primaire s’il estime que le vote s’est mal déroulé ? (Conseil constitutionnel ou autre ?)

Nicolas Chapuis : Nous n’en sommes pas là pour le moment. A l’heure où je vous réponds, nous attendons toujours de recevoir le fichier des résultats bruts par bureau de vote. Seul ce fichier nous permet de vérifier que les chiffres correspondent à ceux constatés sur le terrain. Le Parti socialiste plaide pour l’instant le « bug » informatique pour expliquer les dysfonctionnements observés. La haute autorité, dirigée par Thomas Clay, est censée surveiller le comité national d’organisation de la primaire, dirigé lui par Christophe Borgel. Mais c’est une élection organisée par un parti politique, pas par l’Etat. Le Conseil constitutionnel n’a rien à voir là-dedans. Si quelqu’un veut contester le résultat au-delà du parti, il doit se tourner vers la justice.

François Pesanti : Le fait que les chiffres aient été truqués de cette manière implique-t-il que les principaux candidats étaient d’accord pour gonfler les résultats ? A-t-on vent d’un accord de ce type ?

Nicolas Chapuis : Soyons prudents sur la formulation. A cette heure-ci, nous n’accusons pas le PS d’avoir « truqué » ses chiffres. Nous avons observé des irrégularités dans les comptes, et le PS a fini par reconnaître qu’il s’était trompé dans les chiffres publiés à 10 heures, en gonflant artificiellement le score de chaque candidat de manière proportionnelle. Ils ont plaidé un « bug » informatique. Nous n’avons pas de preuve que cette erreur est intentionnelle.

Ceci dit, à l’heure actuelle, nous ne connaissons ni la participation exacte, ni le score de chacun des candidats. Le nombre de bureau de vote a été revu à la baisse de 7 500 à 7 350. Et les estimations de participation ont beaucoup oscillé entre hier soir, cette nuit et ce matin. Cela fait beaucoup.

Dedalus64 : A quels facteurs attribuez-vous la première place de Benoît Hamon hier soir au sortir du premier tour de la primaire de la Belle Alliance populaire alors qu’il était un simple outsider au départ de la compétition ?

Nicolas Chapuis : Benoît Hamon a réussi à reporter la bataille idéologique en faisant en sorte que les débats tournent autour de ses propositions, notamment le revenu universel. Ses adversaires l’ont attaqué très fortement sur cette mesure, mais ont participé malgré eux à sa popularisation. Même si sa proposition paraît difficilement applicable, les électeurs se sont manifestement reconnus dans la gauche qu’il incarne, après un quinquennat jugé sévèrement.