Michèle Alliot-Marie candidate à l’élection présidentielle

L'ancienne ministre, figure de la chiraquie, n'a pas souhaité passer par la case primaire. Elle a longtemps entretenu le suspense sur ses intentions.

Elle a finalement décidé de sauter le pas. Michèle Alliot-Marie est candidate à l'élection présidentielle. Elle l'a annoncé ce jeudi dans une interview à 20 minutes: «Oui, je suis candidate à la présidence de la République. Je propose une vision pour renouer avec un esprit de conquête pour la France et pour chacun des Français. Je suis pour la liberté des entreprises pour faire face à la concurrence étrangère, mais je pense que dans le monde actuel, l'Etat a toujours un rôle à jouer»

Pas question pour l'eurodéputée de se plier à une primaire. «Les primaires ne sont pas dans l'esprit de nos institutions. Le candidat issu d'un parti ne peut incarner l'unité nationale», explique-t-elle. Le général de Gaulle, estime-t-elle, ne serait jamais prêté à cet exercice. Âgée de 70 ans, elle a longtemps occupé une position centrale au RPR puis à l'UMP avant de perdre pied à l'hiver 2011, prise dans une polémique pour avoir utilisé le jet privé d'un proche du dictateur tunisien Ben Ali. La ministre des Affaires étrangères n'a alors pas eu d'autre option que de quitter le gouvernement. La suite? Une traversée du désert pour “MAM”. Les législatives de 2012 se soldent par un échec cuisant. En 2014, elle ne doit sa timide réapparition sur la scène politique qu'à la faveur d'un scrutin de listes, les européennes. Tenue à l'écart de Paris, Alliot-Marie reste discrète. À peine juge-t-elle que ses ambitieux et dissipés comparses de l'UMP «méritent une bonne fessée» alors que le retour de Nicolas Sarkozy se profile…

Longtemps dans le cœur des militants de droite qui louaient son autorité et sa stature, son intervention lors du congrès fondateur des Républicains en mai 2015 ne soulève pas les foules. Son discours est occulté par l'arrivée, au même moment, d'Alain Juppé dans la salle… En février 2016, elle tente de décrocher la présidence du conseil national du parti. Certes, elle échoue mais à la surprise générale elle obtient un score non-négligeable (44,7%) face à l'archi-favori Luc Chatel, soutenu par Nicolas Sarkozy.

«Et si c'était M?»

C'est le début d'une intuition. Et si elle se présentait à la primaire de la droite et du centre? Après tout, des élus au CV bien moins garni que le sien se lancent. Avec 700 conseils des ministres au compteur, pourquoi pas elle? Première femme ministre de la Défense, première également à occuper la place Beauvau, le Quai d'Orsay ou la tête du principal parti de droite. Première présidente? MAM consulte. Lance un site internet. En avril dernier, elle présente «Nouvelle France», son nouveau mouvement qui peut compter sur la bénédiction du magicien Sylvain Mirouf. Mais en coulisses, des élus annoncés dans son comité de soutien confient, embarassés, qu'ils n'ont jamais eu l'intention de la parrainer. Consciente de son incapacité à rassembler les paraphes, MAM ne fait plus parler d'elle.

Jusqu'à une annonce surprise pendant l'entre-deux tours de la primaire, pour mieux tenter de la discréditer: «Michèle Alliot-Marie a décidé de se mettre en retrait du parti les Républicains et de ses fonctions au sein de celui-ci». Sibyllin, le communiqué laisse toutefois présager de ses intentions… Surtout que de très nombreux journalistes ont reçu quelques jours auparavant une curieuse lettre contenant une affiche sur laquelle un “M” tricolore est accompagné d'une question: «Et si c'était M?»

Ce n'est pas la première fois que MAM s'imagine un destin présidentiel. En 2007, déjà, elle avait caressé l'idée de candidater à l'investiture de l'UMP face à Nicolas Sarkozy. Avant de se ranger in extremis. Dix ans plus tard, ce scénario se répètera-t-il?