iTELE: Plus d’argent pour ceux qui partent – La ministre du Travail appelle au dialogue – 79 salariés pour la grève sur 150
Écrit par Jonathan PIRIOU sur novembre 7, 2016
Des syndicats de la rédaction d'iTÉLÉ, entrée dans sa quatrième semaine de grève, ont pour la première fois été reçus lundi par un membre du gouvernement, tandis le groupe Vivendi, propriétaire de la chaîne, a proposé de meilleures conditions de départ aux salariés souhaitant partir.
La ministre du Travail Myriam El Khomri, qui a reçu lundi après-midi les syndicats d'iTÉLÉ (+Libres, CGT et CFDT), a ensuite indiqué dans un communiqué que le ministère "pèserait de tout son poids pour inciter les parties à renouer le dialogue social sur des bases sereines". Faisant part de "sa préoccupation face à un conflit inédit dans une entreprise de presse privée", la ministre indique "avoir convié la direction" du groupe Canal+ "à venir échanger dans les meilleurs délais".
De son côté, la direction du groupe estime dans un communiqué "avoir levé le point bloquant majeur pour la SDJ en lui proposant une amélioration des conditions de départ pour ceux qui souhaiteraient quitter l'entreprise", selon un communiqué.
Une source proche de la direction de Vivendi a précisé à l'AFP que le groupe propriétaire de Canal+ et iTÉLÉ proposait aux salariés souhaitant partir un "déplafonnement" des indemnités de départ.
Tout en assurant qu'il n'y avait "quasiment plus de points de blocage" dans les discussions. La direction a assuré qu'un "protocole écrit avec ces propositions" serait envoyé "dès ce soir".
"Il est faux de dire qu'il n'y a plus de points de blocage. Nous n'avons pas de document écrit sur lequel nous positionner, nous n'avons pas discuté avec la direction qui annonce des choses qu'elle ne nous a pas dites", a affirmé de son côté Guillaume Auda, un porte-parole des grévistes. "Les points de blocage ne sont pas sur le volet social mais sur le volet éditorial", a renchéri une représentante syndicale, présente à la réunion avec la ministre qu'elle a jugée "très satisfaisante".
Les salariés ont reconduit leur grève jusqu'à mardi midi pour le 22e jour d'affilée d'arrêt de travail, à 82% des voix (76 favorables, 8 contre, 9 abstentions). Pour la première fois, ils ont tenu leur assemblée générale quotidienne dans le hall de la chaîne, puis dans la rue afin de faire voter les pigistes, dont l'accès au bâtiment est limité depuis quelques jours.
La direction souligne dans son communiqué que "76 salariés sur 180 ont voté la poursuite de la grève". Les grévistes réclament la mise à l'écart de Jean-Marc Morandini, la signature d'une charte éthique, la nomination d'un directeur de la rédaction distinct du directeur général, et plus largement la définition d'un projet stratégique et éditorial "clair et précis".
– Un conflit 'inédit' –
Pour les salariés ayant plus de 12 ans d'ancienneté, la direction a proposé un "déplafonnement" des indemnités de départ, jusqu'ici limitées à 24 mois. Jusqu'à douze ans d'ancienneté, les indemnités sont de "deux mois par année d'ancienneté", selon la source proche de la direction de Vivendi.
"Je pense que 30% de la rédaction va partir. Tous ceux qui peuvent partir le feront", a indiqué un cadre de la rédaction. Les grévistes ont reçu lundi le soutien des sociétés de journalistes (SDJ) d'une quinzaine de médias, qui regrettent "la manière dont les responsables de Canal+ jouent la montre, en espérant faire céder la rédaction d'iTÉLÉ sans jamais avoir tenté de créer les conditions d'un dialogue sur le projet éditorial".
Il s'agit d'un "conflit inédit car il ne porte pas seulement sur des questions économiques et sociales, mais sur ce qui fonde la crédibilité du travail des journalistes: leur indépendance", soulignent ces SDJ. Ces soutiens s'ajoutent aux nombreux messages reçus sur les réseaux sociaux à travers le mot-clé #jesoutiensiTELE et une pétition lancée par l'association Reporters sans frontières.
Pour rassembler ces soutiens, les grévistes organisent une soirée mercredi dans la salle parisienne du Bus Palladium, et comptent sur la visite de trois ministres et plusieurs élus.
Après Nathalie Kosciusko-Morizet, Benoît Hamon ou Jean-Christophe Cambadélis, un des chefs de file des "frondeurs" du PS, Christian Paul, a également apporté son soutien aux grévistes lundi, déclarant qu'ils se battaient pour "l'honneur d'un beau métier".