Molières : audience relativement stable et bon cru 2016 La soirée a été suivie par 1,2 million de téléspectateurs, représentant 11% de parts de marché. Avec trois récompenses pour Ça ira (1) fin de Louis, Joël Pommerat est le grand vainqueur de la cérémonie.
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mai 24, 2016
Ironique, mais pas cynique, ainsi qu'il l'avait annoncé, Alex Lutz a imprimé à la cérémonie de remise des Molières une belle tenue, même si la soirée a peiné à trouver son rythme (elle s’est terminée à 1h20!), alternant des sketches au comique décalé, des saynètes cocasses comme cette scène culte de L'école des femmes revue par Michel Fau et Maxime d’Aboville, ou oniriques, à l’image de la séquence de 20.000 lieues sous les mers. Comme à chaque édition, la liste établie par l'Académie des Molières comportait certaines bizarreries : certains spectacles ayant le nombre de représentations requis n'y figurent pas, et d’autres ne les comptabilisant pas, ou plus anciens, y figurent… Ainsi alors quePhèdre(s) était recensé, le formidable Bigre (créé à Brest, joué au Théâtre du Rond-Point cet hiver et bientôt repris au Tristan Bernard) ne l’était pas.
Joël Pommerat, grand vainqueur
Dans son ensemble, le palmarès reflète les succès de la saison. Présenté à Nanterre-Amandiers, le spectacle de Joël PommeratÇa ira (1) fin de Louis, premier volet d’une fresque sur la naissance de la démocratie, remporte trois Molières, le metteur en scène, actuellement en Chine, recevant également le Molière du spectacle jeune public pour Pinocchio, créé en 2008 (!), certes "recréé" la saison dernière à l’Odéon.Théâtre privé, théâtre public, les deux familles du théâtre n’en font souvent qu’une, ainsi Alain Françon, grande figure du subventionné, a reçu le Molière du metteur en scène d’un théâtre privé pour Qui a peur de Virginia Woolf? accueilli au Théâtre de l'Oeuvre par Frédéric Franck auquel "son banquier a demandé de fermer son théâtre". Wladimir Yordanoff est le meilleur comédien pour son interprétation dans cette même pièce, un premier Molière pour cet acteur venu du public qui a évoqué la permanence de Tchekhov et rappelé que "le théâtre, c’est le cadeau de l’instant".
Charles Berling et Dominique Blanc
Côté théâtre public, Charles Berling a reçu le Molière du comédiendans Vu du pont mis en scène par Ivo van Hove, où il était remarquable, et Dominique Blanc, celui de la comédienne pour son interprétation dans Les liaisons dangereuses mis en scène par Christine Letailleur et créé au TNB. Dans le privé, Catherine Frot a été récompensée pour son interprétation dans Fleur de cactus, de Barillet et Grédy, mis en scène par Michel Fau, grand succès de la fin de saison passée. Meilleure comédie, Les Faux British a raflé le Molière, devant Momo et Fleur de Cactus, et c’est un outsider, Les cavaliers, d’après Joseph Kessel, qui a reçu le Molière du théâtre privé.
Les révélations de l’année sont Géraldine Martineau dans Le poisson belge, interprétée au côté de Marc Lavoine, et Alexis Moncorgé dans Amok, créé au Festival d’Avignon. Molière du seul/e en scène, Andrea Bescond pour Les Chatouilles au Petit Montparnasse, a lancé une vibrante alerte contre les actes pédophiles dans les milieux scolaires. Les seconds rôles ont récompensé Anne Bouvier dans Le roi Lear et Didier Brice dans A tort et à raison et, juste récompense qui s’est fait attendre, Les fiancés de Loches, créé à l’été 2014, a reçu le Molière du spectacle musical… Enfin, recevant un Molière d’honneur des mains de Michel Bouquet, Fabrice Luchini a rendu hommage à ses maîtres : Jean-Laurent Cochet et Laurent Terzieff.