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A Grenoble, douze impacts de balles sur la vitrine du local PS

Écrit par sur mai 23, 2016

Dimanche soir, le siège de la fédération PS de l'Isère a été la cible de rafales de tirs. Depuis le début du mouvement de contestation contre la loi travail, c'est la neuvième plainte pour «dégradation».Douze impacts d’arme automatique sur le rideau de PVC, les vitres brisées, l’intérieur en partie saccagé : c’est ainsi que le siège du Parti socialiste de l’Isère a été retrouvé ce lundi matin, à Grenoble. Dans la nuit, le local a été pris pour cible à deux reprises par des coups de feu, vers 1 h 40 et vers 3 h 45. Les rafales – du 9 mm, d’après la demi-douzaine d’étuis retrouvés sur le trottoir – ont chaque fois fait trembler l’immeuble d’habitation de cinq étages dont les bureaux du PS occupent le rez-de-chaussée.Depuis le 9  mars et le début de la mobilisation contre la loi travail, c’est la sixième plainte pour dégradation que dépose la fédération iséroise en deux mois et demi. Tags «A vendre», «A bas le Parti socialiste fasciste», «Ni loi ni travail», jets d’œufs ou de bouteilles de verre… Le 31-33 rue Nicolas Chorier est devenu au fil des cortèges grenoblois une étape obligée, un exutoire de la colère des manifestants conduits par un noyau dur d’autonomes. Dans ce local, ont lieu les réunions des militants et les rendez-vous fédéraux. C’est là qu’arrive le matériel expédié par Solférino. C’est avant tout une permanence publique, ouverte toute la journée du lundi au vendredi.

Son responsable, Thibaud Pikorki, était effaré ce lundi matin : «On est aussi les représentants de ce gouvernement, et on l’assume. On a pignon sur rue, la porte est ouverte, ça donne lieu à des choses parfois improbables. Il y a le gueulard qui passe nous voir parce qu’il n’est pas d’accord avec Valls, mais on discute, il y a moyen d’échanger. Il y a aussi des personnes un peu isolées qui passent prendre le café.» Celles-ci ont trouvé porte close depuis un dernier acte de malveillance. Il y a trois semaines, Thibaud Pikorki s’est résolu à laisser tous les volets fermés.

«Pour nettoyer les premiers tags, on a fait venir une société. Ensuite, c’est moi qui ai frotté chaque fois», dit-il. Pas question de laisser les insultes s’étaler trop longtemps. «Pour le voisinage», estime Pikorki: «Je ne veux pas que les gens trouvent ça sale et pensent qu’on ne fait rien.»Mais les coups de feu sont d’un autre ordre. «Un tag, c’est signé, en quelque sorte. Une manifestation, c’est revendiqué. Là, il n’y a rien. C’est un acte gratuit qui aurait pu avoir des conséquences terribles en pleine journée.»

Un «seuil franchi», a estimé Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, révélateur d'«actes de violence qui s’aggravent de jour en jour» à l’encontre des antennes locales du parti au pouvoir, telles celles de Lille et de Caen. «Nous appelons l’ensemble de la classe politique et des responsables syndicaux à réagir à cette dérive funeste inconnue depuis les années 30», a déclaré Cambadélis, réclamant une«condamnation générale et sans ambiguïté». Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a dénoncé une véritable «offense à la démocratie».Des propos auxquels a fait écho Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, estimant qu’il s’agit d'«une atteinte […] à l’exercice du pluralisme et à la diversité des opinions garanties dans l’Etat de droit».

A Grenoble, les coups de feu ne sont pourtant pas inhabituels dans le quartier populaire de Saint-Bruno. Sur la place du même nom, connue pour son marché haut en couleur et ses trafics en tout genre, la dernière fusillade en date a fait deux blessés l’été passé. Un règlement de compte entre clans, selon le parquet. Malgré tout, ces faits de violence empiètent rarement sur la vie quotidienne des habitants. La fusillade du PS, en retrait de la place Saint-Bruno, au cœur d’un ensemble d’habitations, détonne. Et suscite une grande inquiétude des riverains