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Patagonie : et la glace s’est rompue.

Écrit par sur mars 12, 2016

Comme tous les quatre ans environ, le glacier Perito Moreno, en Patagonie argentine, s'est divisé devant les caméras. Mais derrière le spectacle se dessine le génocide des indiens, au XIXeme siècle.Tous les quatre ans, avec une précision olympique, le glacier le plus célèbre d’Argentine, le Perito Moreno (30 km de long, 250 km2 de surface), se manifeste en annonçant du grand spectacle: l’effondrement d’une partie de sa structure. Le dernier a été annoncé en début en début de semaine, et s’est produit jeudi.Mariela Arias, correspondante du quotidien argentin La Nación dans la province de Santa Cruz, en Patagonie, a filmé plusieurs étapes de l’effondrement (ici et là). Ce qui permet de comprendre le processus qui, malgré les apparences, n’a aucun rapport avec le réchauffement: une rivière coulant sous le glacier entame les parois de glace, qui fondent en formant une arche. Celle-ci s’amincit progressivement jusqu’à ce qu’un bloc de glace s’effondre et sépare du glacier dans un énorme fracas. Un tel phénomène est observé depuis 2004. 

La rupture de 2008 avait attiré touristes par milliers et équipes de télévision à foison. Celle de 2012 était très attendue, hélas, elle s’est produite vers 4 heures du matin, dans une totale obscurité. 

Expert en génocide

Le glacier porte le nom d’un héros national, l’expert («perito», en espagnol) Moreno. Qui était-il ? Né en 1852 à Buenos Aires, Francisco Pascasio Moreno avait participé comme explorateur à la «Conquête du Désert», nom par lequel l’histoire argentine désigne la guerre d’extermination contre les populations indigènes du sud du pays, entre 1879 et 1884. Scientifique autodidacte, Moreno avait fondé le musée de sciences naturelles de La Plata, et demandé au gouvernement à récupérer quelques spécimens d’indigènes faits prisonniers.

Six hommes et femmes lui furent remis, dont le cacique (chef coutumier) Inakayal. Enferma dans les sous-sols pour devenir des objets d’études, tous mourront en quelques années (maladies, malnutrition, suicide peut-être), et leurs restes rejoindront les vitrines du musée.

En 2006, un groupe d’étudiants en ethnologie mène son enquête et rend publique l’histoire oubliée des six prisonniers, révélant le vrai visage de l’expert Moreno, complice du génocide indien, mort en 1919. En 2014, les restes d’Inakayal et de ses cinq compagnons d’infortune sont enfin rapatriés en Patagonie, où ils ont été inhumés rituellement par les derniers représentants de leur peuple, quasiment éteint. Le plus glaçant, c’est que des dizaines de rues ou d’écoles d’Argentine portent toujours le nom du Perito Moreno