Calais : Londres débloque 22 millions d’euros pour 2016
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 3, 2016
Lors d'un sommet franco-britannique à Amiens, David Cameron a annoncé que cette somme était destinée à aider la France à gérer la crise des migrants.La Grande-Bretagne s'est engagée à augmenter de 22 millions d'euros son aide à laFrance dans la crise des migrants à Calais, dossier au coeur des discussions deFrançois Hollande et de David Cameron jeudi à Amiens. Ce 34e sommet franco-britannique, à la préfecture d'Amiens, intervient alors que les autorités françaises ont entamé lundi le démantèlement de ce campement insalubre, dans un climat tendu, émaillé d'incidents.
Paris ne compte pas remettre en cause les accords du Touquet de 2003 régissant la gestion de la frontière franco-britannique : "Ils n'ont pas vocation à être modifiés", indique-t-on à Paris. La France réclame en revanche une aide financière substantielle de Londres, au-delà des "plus de 60 millions d'euros" actuels, selon l'estimation du secrétaire d'État aux Affaires européennes Harlem Désir.
Annonce faite jeudi après-midi : le Royaume-Uni débloquera 22 millions d'euros supplémentaires pour Calais en 2016, selon une déclaration officielle. Cette somme sera notamment affectée à "des infrastructures prioritaires de sécurité à Calais, pour soutenir le travail des forces de l'ordre françaises", mais aussi à la gestion des centres d'hébergement et à "l'éloignement des migrants" économiques qui ne sont pas "en besoin de protection".
La mise en garde de Macron
La question du regroupement familial des mineurs isolés, bloqués à Calais alors que des membres de leur famille sont installés outre-Manche, est aussi un des sujets sensibles des discussions franco-britanniques. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a souhaité récemment que les cas de "tous ceux qui ont des attaches en Grande-Bretagne, parmi notamment les mineurs isolés", soient examinés "dans l'équilibre de la relation que nous avons avec la Grande-Bretagne".
À moins de quatre mois du référendum organisé le 23 juin outre-Manche sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne, le risque de "Brexit" ne fait officiellement pas partie des discussions. Mais David Cameron et François Hollande pourraient évoquer cette échéance à haut risque. D'autant que le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a suggéré mercredi dans le Financial Times que la France cesserait de retenir les migrants à Calais en cas de Brexit. "Le jour où cette relation (entre la Grande-Bretagne et l'UE) sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais."
"Les accords du Touquet sont des accords bilatéraux", a souligné pour sa part Harlem Désir. "Donc il n'y a pas de chantage, ni de menace, mais c'est vrai que nous coopérons plus facilement en étant membres de l'UE que si le Royaume-Uni ne l'était plus."
Gerbe de fleurs
Par ailleurs, Paris et Londres veulent développer leur coopération en matière d'armement (drones, missiles, guerre des mines sous-marines). Un accord est ainsi intervenu pour investir "plus de 2 milliards d'euros" dans un programme de "drones de combat". À l'ordre du jour également, la mise au point d'une force expéditionnaire conjointe franco-britannique de 7 000 militaires.
Le projet de construction par EDF de deux EPR à Hinkley Point (côte ouest de l'Angleterre), dont le coût est évalué à 24,5 milliards d'euros, fera par ailleurs l'objet d'un texte commun. Emmanuel Macron a défendu "un très bon investissement" pour l'électricien français, malgré des critiques, notamment de la part des syndicats du groupe.
François Hollande et David Cameron se sont aussi penchés sur la situation internationale, appelant Moscou et le régime syrien à cesser "immédiatement les attaques" contre l'opposition modérée en Syrie, selon un texte de conclusions.
Avant l'ouverture de ce sommet à la préfecture d'Amiens, le président français et le Premier ministre britannique s'étaient retrouvés en fin de matinée au cimetière-mémorial britannique de Pozières, lieu emblématique de la Bataille de la Somme qui fit plus de 400 000 morts, de juillet à novembre 1916. François Hollande a accueilli David Cameron à l'entrée du cimetière, où sont alignées les tombes de 2 756 soldats de la Première Guerre mondiale. Ils devaient ensuite déposer une gerbe de fleurs.