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Manuel Valls refuse la déchéance pour tous les Français

Écrit par sur janvier 6, 2016

Le premier ministre a une nouvelle fois défendu la mesure du gouvernement mercredi lors d'une interview sur BFMTV accordée depuis son bureau de Matignon.e débat est peut-être «faux», mais il existe et il bat son plein. Après s'être exprimé sur Facebook durant les vacances de Noël pour défendre la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français condamnés pour crime terroriste, Manuel Valls a une nouvelle fois défendu la mesure mercredi lors d'une interview sur BFMTV accordée depuis son bureau de Matignon. L'occasion de rejeter l'idée, défendue par certains au sein de la majorité, d'étendre à tous les Français la possibilité d'être déchus de leur nationalité. «Nous ne pouvons pas créer des apatrides», a expliqué le premier ministre.

Dans une tribune publiée plus tôt dans L'Obs, Manuel Valls avait déploré les «faux débats fondés sur des allégations trompeuses» qui se développent au PS, notamment sur la question de la déchéance de nationalité. Depuis la confirmation par François Hollande que la mesure figurerait bien dans sa réforme de la Constitution, le premier ministre déroule en boucle le même discours. «La déchéance de nationalité ne porte pas atteinte au droit du sol, ni à la binationalité. Elle vise exclusivement des terroristes, condamnés pour crime ; des Français qui ont fait le choix de frapper des Français.»

Des solutions alternatives

En dehors de ses partisans au sein du PS, il a pour l'heure du mal à convaincre le reste des socialistes. Même les proches de François Hollande s'efforcent de chercher des solutions alternatives. Mercredi, c'est un fidèle du président, le député Bernard Roman, qui y a été de sa proposition: remplacer la déchéance de nationalité par une peine d'indignité nationale. Laquelle priverait «d'un certain nombre d'attributs de la nationalité tous les auteurs d'actes terroristes condamnés» nationaux ou binationaux. Il en va ainsi au PS où pas un jour ne passe sans nouvelle attaque contre la mesure de François Hollande ou sans proposition alternative. Au point d'en agacer certains, à l'instar du député Pascal Cherki, selon qui «la Constitution de la République n'est pas une motion de synthèse du PS. Stop au concours Lépine sur la déchéance. Soyons sérieux!»

Pour tenter de mettre de l'ordre dans ses troupes, le premier secrétaire du PS s'est à son tour engagé dans le débat. Mais la ligne du parti n'est pas apparue plus claire pour autant, du moins sur la question de la déchéance de la nationalité pour les binationaux. «Faut-il l'union nationale contre le terrorisme? Réponse: oui. Faut-il mettre dans la Constitution l'état d'urgence? Réponse: oui. Faut-il dénier le droit d'être français aux terroristes qui nous dénient le droit d'être Français? Réponse: oui. Faut-il qu'il y ait des discriminations entre Français? Réponse: non, pas de discrimination entre les Français. Faut-il qu'il y ait des apatrides? Non », a édicté Jean-Christophe Cambadélis. Et donc? Même chez les socialistes, on se perd en interprétations sur ce qu'a bien pu vouloir dire le patron du PS. C'est que le débat à la direction du parti n'est pas terminé. La position officielle ne sera arrêtée qu'en début de semaine prochaine, ce qui laisse tout le temps aux détracteurs de la mesure de continuer à la dénoncer.

Riposte médiatique

D'où la riposte médiatique de Manuel Valls dont l'intensité reflète l'ampleur du malaise au PS. «Nous devons plus que jamais mettre de côté les querelles futiles!» a-t-il plaidé sur BFMTV en réfutant l'idée que la mesure pourrait créer deux catégories de Français, nationaux et binationaux. «Mais s'il y a deux catégories de Français, c'est une poignée de terroristes d'un côté, et de l'autre, l'immense majorité des Français», a-t-il assuré en rappelant que «cette mesure implacable s'appliquera à des terroristes qui seront condamnés pour des crimes particulièrement graves».

Quant à l'opposition des socialistes, «je suis convaincu que la révision de la Constitution sera adoptée à une très large majorité. Ce besoin d'unité et de rassemblement que demandent les Français va s'imposer aux parlementaires», a-t-il assuré. Au-delà des critiques, il n'a pas échappé au premier ministre, ni au président de la République, que la déchéance de nationalité était largement approuvée dans les sondages: «Ce que je constate, c'est le soutien et l'approbation des Français.» Manuel Valls joue l'opinion contre le parti. Ce n'est pas la première fois. C'est en partie comme cela qu'il était arrivé à Matignon.