Eric Roy : «Il faudra de la réussite et du talent

Eric Roy, consultant pour beIN Sports, a obtenu son brevet d'entraîneur de football professionnel en compagnie de Zinédine Zidane. Témoin privilégié de sa formation, il réagit à sa nomination à la tête du Real Madrid.Que pensez-vous de la nomination annoncée de Zinédine Zidane au poste d’entraîneur du Real Madrid ?

Je ne suis pas tellement surpris. En France on ne s’offusque pas tellement quand on promeut des gens au sein des clubs lors d’un changement d’entraîneur en cours de saison. On l’a vu avec Lyon et Montpellier. Pourquoi ce serait différent avec le Real Madrid ? Surtout quand l’entraîneur de l’équipe réserve s’appelle Zidane et que c’est une personnalité incroyable. Il était prédestiné à cette trajectoire. Il a passé ses diplômes, il s’est clairement exprimé sur le fait qu’il voulait devenir entraîneur. Il a commencé à mettre les mains dans le cambouis avec l’équipe réserve du Real Madrid. On peut bien imaginer qu’il avait une destinée tracée.
 
N’est-ce pas trop tôt. N’aurait-il pas fallu passer par un club moins exposé ?
Est-ce qu’on s’est posé la question quand Guardiola était entraîneur de la réserve du Barça et qu’il s’est retrouvé entraîneur de l’équipe première ? Je ne suis pas sûr… L’avenir nous le dira. Je pense qu’il n’y  a pas plus de risque de devenir l’entraîneur du Real Madrid que d’accepter la proposition girondine. La problématique, quand on s’appelle Zidane, c’est qu’il est obligé de réussir. Avec Bordeaux, si finir 5e c’est réussir, c’est bien. Est-ce que finir 2e avec le Real Madrid, c’est échouer ? On voit que Benitez n’est pas détaché en Liga, qu’il a fini premier de sa poule en Ligue des champions. Madrid c’est son club. Zinédine bénéficie d’une aura, il aura peut-être plus d’indulgence. Il aura l’adhésion des joueurs. Je pense que c’est le relationnel qui ne fonctionnait pas entre Benitez et les joueurs. Zinédine a leur respect, il saura instaurer la relation de confianceVous avez passez vos diplômes d’entraîneur avec lui. Quel jeu voulait-il mettre en place?

Forcément, il voulait un jeu offensif, séduisant. Quand on s’appelle Zidane, quand on a été le joueur qu’il a été, on ne peut pas imaginer qu’il ne souhaite pas prôner le jeu offensif. Après, il sait très bien que pour avoir un jeu offensif établi, il a besoin de fondations, d’une équipe bien équilibrée. Il a quand même de très grands joueurs. Il est dans son club. On lui demande de prendre l’équipe première. Ce n’est pas une proposition qu’il peut refuser. A un moment donné, il doit prendre ses responsabilités.
 
Le fait d’avoir été un grand joueur lui met-il une pression de plus sur les épaules ? 
Non, pas de plus, pas de moins. Tout le monde sait qu’un grand joueur ne fait pas forcément un grand entraîneur, et inversement. Il sait qu’il sera jugé sur ses résultats. Il sait qu’il est obligé de gagner. Il est évident qu’il sait tout cela. Il connait le haut niveau. C’est un garçon qui n’a pas peur de se mettre en danger. Aujourd’hui, c’est une formidable leçon de se dire que quelqu’un comme lui, qui a une telle aura dans le foot, est capable de se mettre en danger. C’est très respectable.
 
Risque-t-il de se griller en cas d’échec ?
Le métier d’entraîneur est un métier de tous les dangers quoi qu’il arrive. Maintenant, je suis optimiste. Il a les grands joueurs. Il saura fédérer autour de lui. Il n’a aucune garantie, sauf celle de finir dans les trois premiers. Il faudra de la réussite et du talent. Je suis persuadé qu’il en aura aussi en tant qu’entraîneur.