À 92 ans, Luigi est toujours professeur de danse dans la Manche, il vous raconte son parcours

À 92 ans, Luigi di Gregorio donne toujours des cours de danse, à Villedieu-les-Poêles (Manche). Originaire de Milan, il vous raconte son histoire et envoie un message à la jeunesseÀ 92 ans, Luigi di Gregorio, donne toujours des cours de danse. Du tango, du rock… Mais surtout pas de classique. Ce style, il l’a laissé en Italie !

Reconnaissable dans les rues de Villedieu-les-Poêles, grâce à son couvre-chef rouge, il partage toujours avec autrui, son amour pour cet art, « que tout le monde peut pratiquer ».

33 ans de danse classique et une rencontre avec Staline

Né en 1933 à Milan, Luigi a « commencé la danse classique à l’âge de sept ans ». Déjà talentueux, il rejoint la prestigieuse école de danse, La Scala, après avoir réussi le concours d’entrée réservé aux jeunes talents.

Il poursuit ses études en parallèle de sa passion, devient par la suite, danseur étoile, et parcourt l’URSS pendant six mois, en 1952. « J’ai fait de la danse classique pendant 33 ans », affirme celui se serait même produit devant, « Staline, venu nous saluer dans les loges, à la fin d’une prestation ».

« On est resté ensemble 40 ans », malgré des personnalités opposées

« En mai 68, au retour d’une tournée en Russie, je me suis retrouvé bloqué dans un petit hôtel de Menton, et celle qui est devenue ma compagne aussi, se remémore le danseur, tout nous opposait, elle était une bourgeoise parisienne fonctionnaire des PTT (Postes, télégraphes et téléphones), et moi je dansais, pourtant, on est resté ensemble 40 ans. »

Par amour, Luigi a même suivi « sa fidèle », jusqu’à Paris. Où il a abandonné le classique et a créé quelques années plus tard, son école de danse dans le quartier du Marais. Il y enseignait sa propre méthode, le « rock 2000 ».Encore un « scoop », même à 92 ans

Avant notre interview, Luigi a fait un peu de tri dans ses archives, et a retrouvé un journal papier. Un numéro de Libération datant du 10 juillet 1989, avec en Une, Badinter, et en page 29, un article complet sur le travail de Luigi. « C’est un scoop, je ne l’avais jamais montré à personne », assure-t-il, l’air rieur.

À l’époque, le danseur raconte, « à une jeune pigiste », son parcours. Ne voulant pas devenir professeur de danse classique, il décide comme Béjard, qui « avait créé son Ballet au 20^e siècle », de faire évoluer un style de danse qui n’avait pas progressé jusque-là : le rock. « Je suis un précurseur, c’est pour cela que j’ai appelé ma danse «rock 2000». C’est complètement nouveau et je défie n’importe quel professeur d’y trouver un seul pas, une seule figure qui ait une similitude avec le rock’n’roll, le boogie-woogie ou le be-pop », peut-on lire dans Libé.À l’époque où le rockabilly est en vogue, Luigi, en avance sur son temps, dénonce ce style : « La cavalière n’y danse pas comme le cavalier. Tandis qu’avec mon rock 2000, la femme joue un rôle important, peut-être même le plus important, on ne peut dire d’un garçon qu’il est bon danseur que grâce à sa partenaire. »

Un message pour la jeune génération

Après des années de succès, donc cinq passées comme enseignant à San Francisco, Luigi a tout plaqué à la mort de sa femme, pour rejoindre Villedieu-les-Poêles, « la seule ville où personne ne me connaissait en Normandie ».

Aujourd’hui, il enseigne toujours la danse, dans la salle du Pussoir Fidèle. « C’est inespéré de trouver un prof de danse comme lui, à Villedieu », assure Annie. Une de ses élèves, une des « grands-mères », comme Luigi les surnomme, parce qu’elles le sont toutes.Du haut de son grand âge, le passionné a d’ailleurs un message à faire passer à la jeunesse : « Vous dansez tous les jours sans vous en rendre compte, en passant le poids du corps sur un pied, puis sur l’autre, lorsque vous marchez. Alors, vous êtes tous capables d’apprendre à danser. C’est facile, les réflexes reviennent vite et il faut le faire, pour le plaisir. La danse, c’est l’opportunité de découvrir son corps et soi-même, de gagner en confiance, de s’amuser tout en pratiquant un exercice physique. Motivez-vous, si Pierre, Paul, Jacques peut apprendre à danser, vous aussi