Régionales. Valls monte au front dans la dernière ligne droite
Écrit par Jonathan PIRIOU sur décembre 4, 2015
A deux jours du premier tour de scrutin des élections régionales, les ténors politiques se devaient de monter dans l'arène. Notamment Manuel Valls pour son seul meeting.
On aurait dû le voir en PACA, dans le Nord, et dans les autres régions aux côtés des candidats socialistes. Les attentats et l'état d'urgence en ont décidé autrement. Et c'est aux côtés de Claude Bartolone, candidat socialiste en Ile-de-France, à la Halle Carpentier, que le Premier ministre a sonné la charge.
Manuel Valls a défendu jeudi soir à Paris, lors de son unique meeting d'avant premier tour des régionales, la République et le vrai « patriotisme » contre la « supercherie » du FN en position d'emporter sa ou ses premières régions françaises dimanche. Dans une région Ile-de-France meurtrie par les attentats du 13 novembre et où le FN rêve d'une percée, le Premier ministre était venu soutenir le candidat PS Claude Bartolone, à la peine dans les sondages.
Charge contre le FN
« Dimanche, revendiquons ce joli mot de patriotisme, que certains confondent encore avec le nationalisme », a lancé Manuel Valls, dont le discours distribué à la presse était intitulé « Bleu. Blanc. Rouge », les trois couleurs du drapeau français mais aussi un slogan revendiqué du FN. À ce patriotisme affiché par le parti de Marine Le Pen, le Premier ministre a opposé « notre patriotisme, ce patriotisme généreux, celui de la Révolution française et de nos valeurs », dans une salle où flottaient de nombreux drapeaux français.
Il s'en est de nouveau pris aux « supercheries » du FN : « supercherie en matière de sécurité », « supercherie économique », « supercherie sociale ». Le meeting à la Halle Carpentier (XIIIe arrondissement) était le seul maintenu à l'agenda de MM. Valls et Bartolone depuis les attentats qui ont ensanglanté Paris. La réunion publique avait commencé par une série d'hommages aux victimes des attentats (minute de silence, Marseillaise, poèmes, chansons…).
Valls est longuement revenu sur la lutte contre la radicalisation. « Il n'y a pas d'explications, pas de justifications possibles à chercher, a tonné le Premier ministre, qui ne soient pas des insultes à la mémoire des victimes ». « Chercher les causes n'excuse rien. Par ailleurs, il faut éviter ce préjugé très grave qui consisterait à laisser penser que parce que l'on est issu des quartiers populaires, parce que l'on est de confession musulmane, alors on serait, par essence, un terroriste potentiel », a lancé le Premier ministre en réponse à Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, qui a le premier lancé le débat sur la cause sociale des dérives extrémistes.
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Fillon tacle à distance
L'ancien Premier ministre François Fillon était, lui, venu soutenir Valérie Pécresse, candidate Les Républicains en Ile-de-France. L'ancien Premier ministre, abordant les questions sécuritaires, a fustigé la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Et n'a pas hésité à reprendre les termes de l'imam d'Alfortville parlant de « nettoyer les mosquées salafistes ».
À distance, il s'en est, sans surprise, pris au Premier ministre. « Manuel Valls est en meeting avec Bartolone ce soir, ces élections sont l'occasion d'envoyer un message » au gouvernement, a souligné M. Fillon, le regard déjà sur une autre envie d'« alternance », en 2017 cette fois.
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Valérie Pécresse (Les Républicains) s'est présentée jeudi soir comme une femme « libre et sans filet de protection » incarnant le « renouveau » pour une Ile-de-France dirigée depuis 17 ans par la gauche, à qui elle promet sinon un « hiver fiscal » préparé par son rival Claude Bartolone.
Le Front national toujours en tête des intentions de vote
Au lendemain de la publication d'une étude Ipsos/Cevipof publiée par Le Monde, confirmant la progression des intentions de vote frontistes pour les régionales, le Front national enregistre une hausse de ses intentions de vote au premier tour des élections régionales, à 30 %, selon un nouveau sondage Odoxa pour Le Parisien et BFM TV publié vendredi, qui montre aussi une baisse des Républicains (29%) et donne le PS à 22 %. Le FN gagne 4 points, selon Odoxa, par rapport à un sondage similaire réalisé en septembre. Les Républicains, alliés à l'UDI et au MoDem, qui étaient à plus de 30 % dans cette précédente étude, baissent à 29 %. Selon ce sondage, le Front de gauche serait à 7 % et Europe Ecologie-Les Verts à 4,5 %.
Quelque 55 % des sondés affirment faire leur choix car la liste pour laquelle ils vont voter« peut améliorer les choses ». 28 % font leur choix car ils ne « font pas confiance aux autres listes » et 17% souhaitent « sanctionner François Hollande et le gouvernement ». 58 % des sondés voteront en fonction des « enjeux spécifiques à leur région », contre 42 % qui feront leur choix en fonction d'enjeux nationaux.
Sondage réalisé par internet le 3 décembre auprès d'un échantillon de 945 personnes de plus de 18 ans (méthode des quotas).