Montrer qu’elle n’est pas vaincue » : pourquoi l’Ukraine a attaqué Moscou aux drones, à l’aube de négociations

En visant massivement la Russie et Moscou dans la nuit de lundi à mardi, l’Ukraine entend redorer son costume de belligérant. Cette offensive a été menée alors que les discussions entre Kiev et les États-Unis pour une éventuelle trêve ont démarré ce mardi en Arabie saoudite.Les drones ont surpris Moscou au cœur de la nuit, à quelques heures de discussions sur un possible cessez-le-feu. La Russie a été visée dans la nuit de lundi à mardi par plus de 330 drones ukrainiens, dont 91 au-dessus de la région de Moscou. Au moins trois personnes sont décédées et une dizaine ont été blessées. Il s’agit de l’une des frappes les plus importantes menées sur le territoire russe depuis le début de la guerre en 2022. La Russie a dénoncé des « attaques massives » contre des civils et a ouvert une enquête pour « attentat ».Outre l’ampleur de l’attaque et le fait que la capitale ait été atteinte, la question du timing interroge. L’Ukraine a lancé cette offensive à quelques heures de la reprise du dialogue avec les États-Unis, dix jours après l’humiliation subie par Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche. Et Kiev présente aux États-Unis son plan pour un « cessez-le-feu partiel » avec la Russie comme premier pas vers la paix. Ces pourparlers, engagés à Djeddah sous l’égide de l’Arabie saoudite afin de retrouver le soutien américain mis en pause, ont commencé ce mardi matin.Pour Carole Grimaud, cette opération, à l’aube d’une journée de discussions, est « inattendue », dans le sillage de celles menées par Moscou alors que l’Ukraine s’était dite prête à un cessez-le-feu. « L’Ukraine montre à la Russie qu’elle est encore capable de tenir dans cette guerre, qu’elle n’est ni vaincue ni prête à une capitulation », analyse la spécialiste de la Russie.

Si la réponse est d’abord militaire à la Russie, Kiev s’adresse aussi aux États-Unis. « Les Ukrainiens montrent qu’ils n’ont plus besoin du renseignement américain (suspendu en même temps que l’aide militaire américaine) pour frapper Moscou et la Russie, du moins sur cette opération-là. Ils disent à l’administration américaine : on peut le faire sans votre aide », juge Carole Grimaud. Aussi, Kiev entend s’adresser à son peuple et à son armée, dont le moral est éprouvé par trois années de guerre.

La douloureuse question des territoires occupés

Cette attaque dans le ciel est survenue alors qu’un cessez-le-feu « dans les airs » et en mer fait partie des conditions posées par l’Ukraine. Il s’agirait justement d’« inciter » Vladimir Poutine « à s’intéresser à une trêve aérienne » a indiqué à l’AFP Andriy Kovalenko, directeur du Centre de lutte contre la désinformation ukrainien, à l’AFP. Pour Carole Grimaud, « on arrive au plus près pour enfin avoir la position des Russes (sur le cessez-le-feu) ».