Justin Trudeau, futur premier ministre canadien 30 ans après son père
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 20, 2015
Raillé au départ par ses concurrents, le quadragénaire a redonné du souffle au Parti libéral et retrouvera ainsi la résidence du premier ministre, presque trente ans après l'avoir quittée enfant. Cette nouvelle «trudeaumanie» le fait marcher dans les pas de son père Pierre Trudeau, dirigeant emblématique du Canada.
Ses concurrents moquaient sa jeunesse et son inexpérience incompatibles avec un poste de premier ministre. Lundi, Justin Trudeau leur a donné en partie tort en remportant les élections législatives au Canada et en s'octroyant une majorité absolue inattendue au Parlement. Le vainqueur marche ainsi dans les traces de son père en s'apprêtant à devenir, à 43 ans, le 23e premier ministre canadien.
Au moment de prendre les rênes du Parti libéral (centre gauche) en 2013, Justin Trudeau inquiétait pourtant peu les Conservateurs. Sa formation politique, au pouvoir dans le pays durant la majeure partie du XXe siècle, était alors laminée par des scandales à répétition et une défaite cuisante en 2011. Reléguée au troisième rang au Parlement, elle se plaçait derrière les conservateurs et le Nouveau parti démocratique, plus à gauche.
«Justin: juste pas prêt», ont d'ailleurs moqué les conservateurs. Les opposants au jeune candidat ont décliné ce slogan dans une vidéo présentant un faux CV du candidat ou encore sur une page web de type erreur 404 mentionnant: «Comme Justin Trudeau, cette page n'est… juste pas prête.» Cette technique aurait eu un effet notable, à en croire les sondages. Une façon d'insister sur son côté «fils à papa». Car Justin Trudeau ne vient pas d'une famille inconnue.
Héritier de la «trudeaumanie»
La célébrité de son nom, il la doit en premier lieu à son père, Pierre Elliott Trudeau. Premier ministre de 1968 à 1979 puis de 1980 à 1984, ce partisan d'un État fort a signé quelques mesures marquantes pour le pays comme l'adoption d'une nouvelle Constitution, la Loi sur les langues officielles, l'abolition de la peine de mort ou la Loi sur le divorce. Charismatique autant que controversé, il n'hésite pas à établir en pleine guerre froide des relations avec la Chine et Cuba, offrant même une aide canadienne à l'île communiste en plein embargo américain.
Né au cours du mandat de son père, Justin Trudeau a étudié la littérature anglaise et les sciences de l'éducation avant de devenir enseignant et de quitter la lumière des projecteurs pendant plusieurs années. Le jeune homme revient sur le devant de la scène en 2000, lorsqu'il émeut les Canadiens en prononçant l'éloge funèbre de son père, décédé deux ans tout juste après la disparition de son frère dans un accident de ski.
Nouvelle étape de son ascension fulgurante
À l'époque, le jeune homme de 28 ans suscite déjà l'enthousiasme chez les libéraux. Mais il estime avoir d'autres choses à découvrir avant de se consacrer à la politique, raconteTVA Nouvelles. Il poursuit son métier d'enseignant jusqu'en 2006, date à laquelle il s'implique dans le parti et est élu député. Ses prises de position atypiques, sur des sujets tels que le cannabis ou le voile, lui vaudront des critiques acerbes des conservateurs et des nationalistes. En sept ans, il s'impose toutefois dans sa formation politique jusqu'à en devenir le chef de file en 2013.
Deux ans plus tard, Justin Trudeau a achevé une nouvelle étape de son ascension fulgurante en remportant les élections législatives avec une avance inattendue. Son discours à l'attention des classes moyennes et des plus jeunes, servi par un charisme semblable à celui de son père, lui a permis de mettre fin à une décennie de gouvernement conservateur. Il y a 47 ans, l'accession au pouvoir de son père avait été permise par une popularité extrême, faisant naître l'expression de«trudeaumanie». Une expression reprise par plusieurs titres de la presse canadienne, lundi, pour l'appliquer au jeune successeur.