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La population locale a-t-elle été alertée trop tard ?

Écrit par sur octobre 31, 2024

Le bilan dramatique des inondations dans le sud-est de l’Espagne a suscité des interrogations sur un éventuel retard du gouvernement régional à alerter la population.

La pire catastrophe en Espagne depuis les inondations qui avaient fait 300 morts en octobre 1973, a déjà coûté la vie à 95 personnes, dont l’immense majorité dans la seule région de Valence, la plus touchée.

Pourtant, comme elle le fait habituellement quand il y a un risque de ce genre, l’Agence nationale de météorologie (Aemet) avait émis dès mardi matin – à 7h31 – une «alerte rouge» pour la région de Valence, dans laquelle la mise en garde était sans équivoque: «Grande prudence! Le danger est extrême».

La situation s’est ensuite progressivement dégradée dans le courant de la journée. Pourtant, ce n’est que vers 17h que se met en place à Valence, l’organisme régional chargé de coordonner l’action des organismes de secours en cas d’urgence, le Cecopi (Centre de Coordination opérationnelle intégrée).

Et le message d’alerte envoyé par le service de Protection civile aux habitants de Valence leur demandant de ne surtout pas sortir de chez eux («évitez tout type de déplacement dans la région de Valence!»), qui émet un son strident, l’a été après 20h.

Des heures perdues capitales

Selon le quotidien «El País», dans le cas de certaines localités parmi les plus dévastées par les eaux, le message a même été envoyé après 21h. À cette heure-là, il était déjà trop tard. Ces quelques heures perdues ont été capitales, car des milliers de personnes sont restées sur leur lieu de travail ou sont sorties de chez elles dans l’après-midi, se retrouvant ensuite bloquées sur les routes à la merci des flots en furie.

Certaines des victimes ont péri sur la route. D’autres ont survécu, mais après avoir frôlé la mort. «Le niveau de l’eau a commencé à monter à l’intérieur de la voiture au point d’arriver jusqu’à la poignée de la portière», a ainsi raconté à la télévision publique TVE une femme, María Carmen.

«Je suis sortie par la fenêtre et suis montée sur le toit de la voiture, où je suis restée un bon moment», a-t-elle poursuivi, racontant avoir été sauvée par le conducteur d’une camionnette. Les témoignages de ce type de la part de survivants abondaient mercredi.

C’est épouvantable de voir tant de gens mourir dans des inondations en Europe, alors qu’une fois de plus, les météorologues avaient prévu des précipitations extrêmes et émis des avertissements», a réagi Hannah Cloke, qui enseigne l’hydrologie à l’Université de Reading (Royaume-Uni).

«Entièrement évitable»

«Le fait que des personnes meurent dans leurs voitures et soient emportées dans des rues est entièrement évitable si les gens peuvent être tenus à l’écart» d’une inondation, a-t-elle poursuivi. «Cela suggère que le système pour alerter les gens (…) a échoué, avec des conséquences meurtrières», a-t-elle conclu à propos de la tragédie de Valence.

De fait, le délai dans l’envoi du message d’alerte à la population était au centre de nombreuses interrogations. La question a d’ailleurs été posée par la presse au ministre de la Politique territoriale, le socialiste Ángel Víctor Torres.

Ce retard dans la diffusion de l’alerte à la population a-t-il pu influer sur le nombre si élevé de victimes? Victor Torres n’a pas directement répondu à cette question explosive, se contentant de rappeler l’heure de l’alerte de l’Aemet et celle de l’envoi du SMS de la Protection civile.

Le président du gouvernement régional, Carlos Mazón, membre du Parti populaire (PP, opposition de droite), qui est le premier concerné, n’avait pas éclairci ce point mercredi soir, mais il ne fait aucun doute que la question lui sera posée dans les prochains jours.


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