L’appel à l’aide lancé il y a un an par des Restos du coeur submergés par la demande a porté ses fruits et permis à l’association de soutenir 1,3 million de personnes, mais la prudence reste de mise
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 21, 2024
L’appel à l’aide lancé il y a un an par des Restos du coeur submergés par la demande a porté ses fruits et permis à l’association de soutenir quelque 1,3 million de personnes, mais la prudence reste de mise pour la prochaine campagne.
“D’un déficit prévisionnel que l’on avait estimé à 35 millions d’euros pour l’association nationale, nous sommes sur un atterrissage réel d’un excédent de 22 millions d’euros” pour la campagne 2023-2024, a indiqué à l’AFP Patrice Douret, président de l’association fondée en 1985 par Coluche, lors d’un entretien dans ses locaux parisiens.
Cette année, pour la première fois en presque 40 ans d’histoire, les Restos ont dû modifier le niveau de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire, refusant ainsi 110.000 personnes.
Ils ont néanmoins encore accueilli 1,3 million de bénéficiaires, soit autant que la campagne précédente, selon leur dirigeant. Cela représente 163 millions de repas distribués pour cette campagne 2023-2024, le deuxième plus gros chiffre réalisé après les 171 millions de la campagne précédente.
“Ce qui démontre bien que la précarité a continué à augmenter et à s’aggraver”, souligne M. Douret.
Si les Restos ont finalement retrouvé un peu d’air financièrement, c’est d’abord “le fruit de la générosité” des Français, qui ont répondu présents à l’appel exceptionnel aux dons lancé en septembre 2023, en contribuant à hauteur de 32 millions d’euros, souligne le trésorier Jean-Michel Richard.
L’Etat, qui assure déjà habituellement 15% du budget de l’association, a ajouté 8 millions d’euros, et la famille de Bernard Arnault, propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH, y ont participé en apportant chacun 10 millions d’euros.
En septembre 2023, Patrice Douret avait lancé un solennel appel à la générosité sur le plateau de TF1 en affirmant que “si rien (n’était) fait, on pourrait devoir fermer d’ici trois ans”.
Il avait appelé à “une mobilisation massive des forces politiques et économiques”, soulignant que les Restos, qui assurent 35% des distributions alimentaires en France, n’étaient “pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes” se présentant à eux.
Les Restos doivent faire face à une hausse des prix de l’énergie, accroissant les coûts logistiques, celle de l’alimentation les contraignant à doubler leur budget d’achat alimentaire, qui devrait rester au même niveau l’année prochaine (plus de 110 millions d’euros).
Parmi les Français qui se sont mobilisés figuraient aussi beaucoup de particuliers dont la contribution au budget des Restos a augmenté de 21% sur un an. Le don moyen s’élevant à 138 euros.
En plus des 32 millions arrivés après leur appel à l’aide, les Restos ont bénéficié d’un “travail de fond, d’acquisition de nouveaux donateurs” ayant apporté 17 millions d’euros et ont fait quelque “8 millions d’économies”, selon le trésorier
Que va-t-il se passer pour la prochaine campagne, la 40e, lancée en novembre?
“On va pouvoir rouvrir un certain nombre de robinets de nos actions sociales”, sans pour autant “retrouver un niveau d’activité” comparable à celui de 2022, prévient M. Douret, président bénévole.
“On reste extrêmement raisonnables et prudents aussi sur ce que l’on engage, parce qu’on n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise”, dit-il, saluant “la confiance des Français” qui “nous honore et nous oblige”.
L’association prévoit de “prioriser les publics les plus vulnérables, notamment les familles monoparentales (qui représentent 26% des familles accueillies) et les enfants de moins de trois ans”, dont s’occuperont les quelque 105.000 bénévoles, réguliers ou plus occasionnels, qui se mobilisent chaque année sur les traces de Coluche.