Plus de 2 000 enfants dorment dans la rue en France, un nombre en hausse de 120% en quatre ans
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 30, 2024
Selon le baromètre de l’Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité, 467 sont âgés de moins de 3 ans parmi ces enfants sans solution d’hébergement.Plus de 2 000 enfants sont sans solution d’hébergement à quelques jours de la rentrée scolaire, le 2 septembre prochain, selon le 6e baromètre des enfants à la rue publié jeudi 29 août par l’Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). C’est la première fois que la barre symbolique des 2 000 enfants à la rue est franchie.
Selon ce baromètre 2024, dans la nuit du 19 au 20 août, ce sont 2 043 enfants pour qui le Samu social n’a pas trouvé de solution et qui dorment dans la rue. Un nombre en hausse de 120% en quatre ans (927 enfants en 2020) et de 3% en un an (en août 2023, ils étaient au total 1 990). “Cette augmentation incessante du nombre d’enfants sans-abri est une tragédie”, s’indigne Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France, “en violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant, que la France a ratifiée”.
Si le nombre est en hausse d’année en année, il est encore sous-estimé, prévient le Collectif des associations unies, qui regroupe 40 associations impliquées dans le champ du logement ou de l’hébergement. Selon le collectif, de nombreuses familles ne tentent plus d’appeler le 115, numéro d’urgence sociale, totalement saturé.
Une “saturation” du parc d’hébergement d’urgence
Parmi ces enfants sans solution d’hébergement, 467 sont âgés de moins de 3 ans. C’est un peu moins que l’an dernier (480 en 2023), mais en hausse de 27% par rapport à août 2022 (368 enfants de moins de trois ans). Une augmentation “en partie imputable au contexte de saturation du parc d’hébergement et d’un accès bloqué au logement social, qui génèrent la mise en place de critères de priorisation de plus en plus resserrés, bien que contraires au principe d’inconditionnalité de l’accueil inscrit dans le Code de l’action sociale et des familles”, détaille le baromètre.
En Île-de-France par exemple, la pénurie de places a conduit les préfets “à dresser des niveaux de priorité en fonction de l’âge des enfants ou de l’avancée du terme de la grossesse”. La conséquence pour les associations est que “certaines femmes enceintes ou familles avec de très jeunes enfants ne sont plus assurées d’obtenir une place d’hébergement d’urgence”.
Ces plus de 2 000 enfants sans solution d’hébergement vivent principalement dans les grandes villes, comme Paris, Lyon ou Marseille. En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de la France hexagonale, 187 mineurs ont passé la nuit dehors le 12 août dernier. Mais le phénomène prend également de l’ampleur dans d’autres grandes villes, comme Lille, Rennes ou Strasbourg.
Créer 10 000 places supplémentaires
“Les enfants, oubliés lors de la campagne des législatives, doivent dès à présent être au cœur des priorités du nouveau gouvernement et des parlementaires”, plaident l’Unicef France et la FAS. Elles appellent à une augmentation immédiate des places d’hébergement, promise depuis janvier 2024, ainsi qu’à la mise en œuvre d’une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement incluant une attention spécifique aux enfants et aux familles.
Elles souhaitent par exemple que soit inscrite dans le projet de loi de finances pour 2025 la création de 10 000 places d’hébergement supplémentaires pour porter la capacité du parc à 213 000 places. Les associations appellent encore à garantir un accompagnement global, sans rupture et prenant en considération les besoins spécifiques des enfants, et à renforcer l’offre d’hébergement dédiée aux femmes enceintes ou sortant de maternité.
En janvier 2024, le gouvernement a promis 120 millions d’euros d’aide supplémentaire pour le logement d’urgence. Cette somme, les associations ne l’ont jamais vu arriver alors que le nombre de places d’urgences reste figé à 200 000.