Oscars 2016 : les forces et les faiblesses des films français pressentis
Écrit par Jonathan PIRIOU sur septembre 20, 2015
ÉCLAIRAGE – "Dheepan", "La Loi du Marché" et "Mustang" font notamment partie des réalisations françaises présélectionnées pour le prix du meilleur film étranger aux Oscars 2016. Chacun d'entre eux a des arguments à faire valoir mais pâtit de quelques points faibles.L'heure est bientôt venue de choisir le film français qui ira représenter la France pour l'obtention de l'Oscar du meilleur film étranger en 2016. Le jury chargé de trancher est, entre autres, composé deNathalie Baye, Mélanie Laurent et Michel Hazanavicius, lui-même oscarisé pour The Artist. Le jury fera connaître sa décision le 22 septembre. Cinq films sont pressentis : Mustang, La Belle Saison, Dheepan, La Loi du Marché et Marguerite. Les trois derniers cités sont d'ailleurs favoris. Le point sur ce qui pourrait amener ces films au sommet des Oscars ou, au contraire, les plomber.
"Dheepan"
Le film de Jacques Audiard a bénéficié d'une exposition mondiale grâce à sa palme d'or à Cannes. Le cinéaste a réussi à rendre captivant le parcours de réfugiés sri-lankais dans une cité de banlieue parisienne. Le résultat est d'une grande humanité et surtout d'une grande authenticité, à l'instar de son personnage, l'acteur principal Antonythasan Jesuthasan, lui-même ancien Tigre tamoul – le nom donné aux indépendantistes sri-lankais. Concernant le prix du meilleur film étranger, le réalisateur a déjà eu sa chance en 2010 avec Un Prophète. Reste que le mélange des genres opéré dans le film – entre drame, comédie, film sur la banlieue et film d'action – pourrait dérouter l'Académie des Oscars.
"La Loi du Marché"
Le long métrage de Stéphane Brizé peut lui aussi faire valoir son prix cannois. Vincent Lindon, l'acteur principal, avait été désigné meilleur interprète masculin sur la Croisette en mai 2015. La Loi du Marché suit un chômeur qui vient de retrouver un travail. Il sera vite confronté aux petites humiliations imposées par sa hiérarchie. Le film est fort, puissant, direct et filmé très près deVincent Lindon. Là aussi, l'authenticité prime : beaucoup d'acteurs ne sont pas professionnels. Son traitement très franco-français et son réalisme cru, qui a rendu certains spectateurs mal à l'aise, pourraient le plomber dans la course aux Oscars.
"Marguerite"
Catherine Frot incarne une baronne des années folles persuadée d'avoir une voix de cantatrice. En réalité, elle chante faux et casse les oreilles de ses auditeurs. Un personnage hors-norme, inspirée par une soprano épouvantable des années 40, Florence Foster Jenkins. Derrière la caméra, Xavier Giannoli, déjà réalisateur d'À l'origine, sorti en 2009. Parmi les rares fausses notes critiques, certains ont reproché au film le caractère très sage et académique du portrait du personnage principal, justement supposé évoluer dans un milieu artistique en plein bouillonnement créatif.
"Mustang"
Le réalisateur est turc, les actrices également, mais la production est elle bien française. Mustangfait le portrait de cinq sœurs turques qui fricotent un peu trop avec les garçons, selon leurs parents. Ces derniers les privent de leur liberté. Un combat émouvant, vif et spontané pour l'émancipation. Les cinq actrices principales sont applaudies pour leur fougue. Quelques critiques pointent tout de même les facilités du scénario.
"La Belle Saison"
La Belle Saison raconte l'histoire d'amour naissante entre une fille d'agriculteurs et une professeur d'espagnol, avec en toile de fond les débuts du militantisme féministe en 1971. Izia Higelin etCécile de France sont remarquables et le film montre qu'il reste encore beaucoup de combats à mener pour les femmes et l'égalité des sexes. L'histoire des premiers combats féministes reste un sujet rare au cinéma et à la télévision. C'est sans doute pour cela que certains spectateurs auraient aimé en voir plus sur ce thème, qui reste secondaire face à l'histoire d'amour entre les deux héroïnes.