Au cinéma, le western sifflera plus de trois fois
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 14, 2015
Quentin Tarantino n'est pas le seul à remettre au goût du jour un genre longtemps assoupi. De “The Hateful Eight” à “Deadwood”, de Paris à Hollywood, les projets se bousculent.
Longtemps resté au stade d'une agonie inéluctable, le western semble à nouveau intéresser au plus haut point l'industrie du cinéma. En l'espace de quelques jours, cette semaine, une amusante coïncidence a fait se télescoper deux promesses alléchantes. En premier lieu, la bande annonce de The Hateful Eight, le nouveau film deQuentin Tarantino, dans la foulée d'un autre western, Django Unchained qui, déjà, faisait un réjouissant étalage des outrages que le cinéaste américain faisait subir à l'un de ses genres favoris.Autre annonce, moins spectaculaire mais intrigante, la quasi certitude que la chaîne HBO allait mettre en chantier un long métrage dans le sillage de Deadwood, la formidable série de David Milch de 2004, qui plantait sa toile de fond dans le rude environnement d'une ville de l'Ouest, entre prospecteurs d'or à demi-sauvages, truands sanguinaires, patrons de saloon vicelards et grandes figures de la conquête de l'Ouest.
Plus significatif d'une tendance qui s'alourdit, le regain d'intérêt pour le western intéresse non seulement les Américains mais aussi des cinéastes venus d'horizons très éloignés du mythe originel, résultat probable d'une cinéphilie marquée au fer rouge par les John Ford, Henry Hathaway,Howard Hawks, Sam Peckinpah, John Wayne et compagnie.
Pasteur maléfique
Avant la fin de l'année, devrait ainsi sortir sur les écrans Slow West de l'Ecossais John Maclean, parcours initiatique d'un tout jeune homme (Rodi Smit-McPhee, le petit garçon de La Route) aux côtés d'un roublard aventurier (Michael Fassbender). De même Echoes of War de l'Australien Kane Senes, proposera une bon vieux conflit sanglant entre deux familles dans un patelin aride du Texas juste après la Guerre de Sécession. On peut également citer Brimstone, un thriller western du NéerlandaisMartin Koolhoven avec Kit Harington et Dakota Fanning, autour d'une sombre histoire de pasteur maléfique.Au passage, on peut se souvenir que, l'an dernier à Cannes, le Danois Kristian Levring y avait présenté son nostalgique The Salvation dans lequel Mads Mikkelsen faisait face à notre Eric Cantona national et que, cette année, le Français Thomas Bidegain (scénariste entre autres de Jacques Audiard) rendait, toujours à Cannes, un vibrant hommage à la Prisonnière du désert de John Ford dans un western contemporain, Les Cowboys, dont la sortie est prévue le 25 novembre prochain.
Toutefois, comme le western reste quand même un pan essentiel du patrimoine culturel américain, les projets s'y épanouissent aussi à bonne vitesse. Fin septembre, les écrans US accueilleront Bone Tomahawk de S. Craig Zalher dans lequel quatre aventuriers voleront au secours de captifs (et très certainement de jolies captives) aux prises avec des troglodytes cannibales. Ça promet. A noter qu'en tête de générique, on retrouvera Kurt Russell arborant la même généreuse moustache que dans Hateful Eight, fantaisie capillaire héritée de l'époque Tombstone de George Cosmatos (1993) où il campait le légendaire Wyatt Earp.
Fine gâchette
Dans un registre plus académique, Forsaken de Jon Casar, l'un des principaux (et pas le meilleur) réalisateurs de la série 24 Heures, sera présenté au festival de Toronto, en septembre, réunissant un casting de poids avec les Sutherland père (Donald) et fils (Kiefer) aux côtés de Demi Moore. Selon le synopsis, il s'agit de l'histoire mouvementée d'une fine gâchette qui revient dans sa ville natale dans l'espoir, vain bien entendu, d'y trouver la paix.
Sans doute pas avant le premier trimestre 2016, Diablo de Lawrence Roeck offrira comme principale source de curiosité la première apparition du beau Scott Eastwood, fils de, dans le costume de cowboy qui a fait la réputation de son illustre paternel. On souhaite bien du courage au jeune homme pour endosser la comparaison.
Toujours pour 2016, du moins avec un peu de chance tant le sort s'acharne sur cette grosse production, on peut raisonnablement espérer (ou pas) la sortie de Jane Got a Gun de Gavin O'Connor, épopée d'une jeune femme qui, pour sauver son ranch et sa propre vie menacée par d'ignobles bandits, fait appel aux services de son ancien amant. Si Natalie Portman est, depuis le début du projet, la tête d'affiche féminine, l'identité de son partenaire a été l'objet de bien des rebondissements. Pour aller vite Ewan McGregor a finalement été retenu au terme d'une succession de renoncements comprenant, dans l'ordre, Michael Fassbender, remplacé par Jude Law, lui même remplacé par Bradley Cooper. Il faut dire que, la veille du commencement du tournage, la réalisatrice Lynn Ramsey avait elle aussi déserté le projet, au profit donc de Gavin O'Connor.
Cowboy humanoïde
Pour être complet, et même s'il ne s'agit pas exactement d'un western au sens strict du terme, HBO, décidément très active sur ce front, vient de mettre en ligne la bande-annonce de Westworld, série inspirée du roman de Michael, Crichton qu'il avait lui-même adapté au cinéma en 1973. Intitulé en France Mondwest, le film imaginait un parc d'attractions futuriste où les touristes pouvaient s'immerger dans des reproductions d'univers romanesques (dont la Rome antique, le Moyen-Âge ou l'Ouest sauvage) peuplés de robots ultra-réalistes conçus pour les divertir. Jusqu'au moment où les machines se détraquent. Dans le rôle d'un cowboy humanoïde marmoréen, Yul Brynner y faisait un de ses dernières apparitions dans le même costume noir des Sept Mercenaires de John Sturges. Dans la série, initiée par J.J. Abrams, et désormais pilotée par Jonathan Nolan, le frère de Christopher, c'est Ed Harris qui reprend le flambeau aux côtés de quelques pointures comme Anthony Hopkins, Evan Rachel Wood ou James Marsden.