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Guerre en Ukraine: la Russie attaque avec ses missiles hypersoniques

Écrit par sur mars 10, 2023

Depuis le milieu du mois de février, les bombardements massifs sur l’Ukraine s’étaient interrompus. La stratégie russe de frapper les infrastructures énergétiques pour affaiblir le moral des populations s’est soldée par un échec. Confrontée elle aussi aux contraintes de l’économie de guerre, renforcées par le poids des sanctions économiques occidentales, l’armée de Vladimir Poutine doit par ailleurs reconstituer ses stocks. Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, Moscou a fait pleuvoir une nouvelle salve de missiles. Officiellement, il s’agit de «représailles» contre une incursion de «saboteurs ukrainiens» en territoire russe. Au moins six personnes ont perdu la vie. L’alimentation électrique a été coupée à certains endroits. Le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia a été touché. Au bout d’une dizaine d’heures d’interruption, l’alimentation y a été rétablie.

Un signe d’épuisement des autres stocks

La Russie a notamment utilisé des missiles hypersoniques Kinjal. Il y a un an, ces armes de haute technologie avaient été employées lors d’une frappe, destinées davantage à impressionner l’Occident qu’à atteindre des objectifs de haute valeur. Ces missiles volent à une vitesse supérieure à Mach 5 et jusqu’à Mach 10 en phase terminale. Mais la Russie ne dispose a priori que de quelques dizaines d’exemplaires. Six missiles Kinjal Kh-47 ont été lancés et aucun n’a été intercepté. Leur emploi peut avoir valeur d’exemple, comme précédemment. Il révèle aussi une nouvelle menace soulignée par le chef d’état-major, le général Burkhard, lors d’une audition à l’Assemblée en janvier: si «l’efficacité opérationnelle» des missiles hypersoniques «n’est pas encore à maturité nous ne pouvons ignorer l’apparition de cette menace: un jour la pleine capacité opérationnelle sera atteinte», a-t-il prévenu en janvier.Le recours à des missiles hypersoniques est aussi le signe d’un épuisement des autres stocks. Si la Russie utilise dans ses frappes des missiles sol-air S-300 de faible précision ou des Kalibr tirés depuis ses bateaux en mer, les bombardements mettent surtout en avant le rôle de son aviation «à long rayon d’action». Ces bombardiers de la Dalnaya Aviatsiya, tels que les Tu-22M3 ou les Tu-95 font partie des fleurons de l’arsenal russe. Ils sont capables d’emporter des munitions conventionnelles comme nucléaires. Ils avaient déjà été sollicités au début de l’offensive. En avril, le 121e régiment Sevastopolskiy de bombardiers lourds avait été décoré pour son engagement… Puis ils avaient servi au bombardement de Marioupol. Des bombes «lisses», c’est-à-dire sans guidage, avaient été utilisées.Cette fois, il s’agit de missiles de croisière. «Les tirs sont effectués en “stand off” c’est-à-dire à l’abri des menaces» depuis l’espace aérien russe ou biélorusse, explique une source militaire française. «Ces bombardiers sont en grande partie responsables des frappes qui ont touché l’Ukraine», durant l’automne et l’hiver, ajoute-t-on. Les escadrons sont notamment installés sur la base d’Engels en Russie. Ce site stratégique a été la cible d’attaque ukrainienne par deux fois l’année dernière. Les dommages ont été avant tout symboliques.