En ce moment

Titre

Artiste


Le professeur Luc Montagnier est mort

Écrit par sur février 10, 2022

Mercredi 9 février, le site FranceSoir a annoncé le décès du professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008 (partagé avec la professeure Françoise Barré-Sinoussi) pour ses travaux sur la découverte du virus du sida en 1983. Selon FranceSoir, Luc Montagnier «s’est éteint à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine», le 8 février 2022, «en présence de ses enfants».

Une information diffusée également ce jeudi par le professeur Didier Raoult (IHU de Marseille) sur son compte Twitter, mais reprise par aucun autre média en dehors de Sud Radio. Dès lors, vous nous demandez si cette information est vraie.

Selon deux sources différentes, l’une médicale, l’autre politique, Luc Montagnier est bien décédé, mardi, à l’âge de 89 ans, à l’hôpital américain de Neuilly. Contactée par CheckNews, la docteure Béatrice Milbert (avec qui il avait été question qu’il organise un colloque à Genève en janvier 2021) nous a également confirmé son décès. La mairie de Neuilly, enfin, nous a confirmé le dépôt du certificat de décès.

Papaye, autisme, vaccins: des désaveux de la communauté scientifique

Malgré son prix Nobel, Luc Montagnier avait fait l’objet de plusieurs désaveux au sein de la communauté scientifique. Cette dérive d’un éminent scientifique avait commencé dans les années 2000, avec la papaye fermentée comme traitement de la maladie de Parkinson. En 2009 – l’année suivant la réception du Nobel –, il défend l’idée qu’un bon système immunitaire permet de se débarrasser du VIH «en quelques semaines» et qu’une bonne alimentation riche en anti-oxydants permet d’être exposé au virus sans être infecté de manière chronique. Cette même année, il soutient l’idée selon laquelle l’ADN peut imprimer une empreinte électromagnétique aux molécules d’eau, propriété qu’il prétendra pouvoir être mise à profit pour des tests diagnostics du sida ou de la maladie de Lyme. Montagnier soutient par la suite que les troubles du spectre autistique sont d’origine bactérienne et peuvent se traiter par antibiotiques. En 2017, il se fait le relais de plusieurs thèses anti-vaccinales, comme le lien entre vaccination et mort subite du nourrisson, pourtant invalidée de longue date par la recherche scientifique. Un collectif de 106 académiciens de médecine et sciences lui avait alors reproché de «diffuser, hors du champ de ses compétences, des messages dangereux pour la santé, au mépris de l’éthique qui doit présider à la science et à la médecine». Au cours de la crise du Covid-19, il s’était également opposé à la vaccination, jugée dangereuse, ce qui lui a valu de nombreuses invitations de la part du site FranceSoir.

Pourquoi l’information de «FranceSoir» n’a pas été crue ?

En l’absence de relais dans les médias classiques, certaines internautes ont douté de la véracité de ce décès. Mercredi après-midi, l’avocat Fabrice Di Vizio, caution juridique des antivax et anti pass sanitaire, s’est d’abord dit «surpris» sur Twitter en découvrant l’annonce de FranceSoir, avant de noter quelques heures plus tard que «la mort de Luc Montagnier n’a fait l’objet d’aucun démenti» .

Ce doute a ensuite été renforcé par la publication d’un article du site Médiamass, qui affirme que Luc Montagnier a été «victime d’une infâme rumeur». Se voulant rassurant, il indique : «Pas de panique, à 89 ans, Luc Montagnier est toujours vivant et bien portant.» Un démenti peu crédible puisque, Médiamass se définissant comme un site dont les articles sont «par nature imaginaires mais basés sur la presse “réelle”»: «Ainsi la possibilité théorique des histoires, multipliées par les milliers de célébrités, rend statistiquement inévitable que nos articles tombent parfois juste.»

A cette zizanie s’est également ajouté un tweet de la Minute Ricardo, chronique tenue par Richard Boutry, ancien journaliste devenu figure de proue des antivax. Dans un message publié le 9 février, son compte Twitter affirme que «le professeur Montagnier n’est pas mort».