Affaire des écoutes: Nicolas Sarkozy va faire appel de sa condamnation à 1 an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence – Gilbert Azibert et Thierry Herzog font également appel
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 1, 2021
Gérald Darmanin réagit à la condamnation de Nicolas Sarkozy: “Nicolas Sarkozy a évidemment tout mon soutien amical”.
“Je ne commente jamais des décisions de justice. Chacun sait l’affection le respect que j’ai pour Nicolas Sarkozy, qui a été un grand président de la République. En ces moments difficiles, il a évidemment mon soutien amical, je n’oublie pas tout ce qu’il a apporté à notre pays.”
Nicolas Sarkozy va faire appel de la décision, annonce son avocate Jacqueline Laffont. “Cette décision est en décalage total avec la réalité de l’audience”, dit-elle. “Nicolas Sarkozy est calme mais déterminé à poursuivre devant la cour d’appel la démonstration de son innocence.” “Le sentiment que nous avons aujourd’hui, en écoutant les quelques bribes de motivations livrées par le tribunal, c’est que cette décision est en décalage total avec la réalité de l’audience”, ajoute l’avocate pénaliste.
“Un jugement normalement identifie les preuves. Là nous avons été dans un tribunal qui a été dans l’incapacité de trouver des preuves”, ajoute Jacqueline Laffont
Le point sur ce que l’on sait cet après-midi
Nicolas Sarkozy est devenu lundi le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, à un an pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des «écoutes». Avant lui, seul son ancien mentor Jacques Chirac avait été sanctionné par la justice, en décembre 2011. Mais il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, notamment pour détournement de fonds publics, dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.
Nicolas Sarkozy, qui a toujours affirmé n’avoir jamais commis «le moindre acte de corruption», a écouté le délibéré debout face au tribunal, impassible. Ni l’ex-président ni son avocate Jacqueline Laffont n’ont fait de déclaration à la sortie de la salle d’audience, après la lourde condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris: trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis – une peine aménageable.
Les juges ont prononcé la même sanction pour l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert et l’avocat historique de l’ex-président, Thierry Herzog, assortie pour ce dernier d’une interdiction professionnelle de cinq ans. MM. Azibert et Herzog ont en outre été reconnus coupables de violation du secret professionnel. Les conseils de Thierry Herzog, Hervé Temime et Paul-Albert Iweins, ont annoncé qu’ils avaient d’ores et déjà formé un appel, qui est suspensif.
Nicolas Sarkozy, qui a été «garant de l’indépendance de la justice, s’est servi de son statut d’ancien président (…) pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel», a déclaré la présidente, Christine Mée, estimant que le «pacte de corruption» était bien constitué.
Les prévenus «ont porté gravement atteinte à la confiance publique en instillant dans l’opinion l’idée selon laquelle les procédures devant la Cour de Cassation (…) peuvent faire l’objet d’arrangements occultes destinés à satisfaire des intérêts privés», écrit le tribunal dans sa décision, ajoutant: «Ce dévoiement (…) exige une réponse pénale ferme».
Le tribunal est resté en-deçà des réquisitions du parquet national financier (PNF), qui avait demandé quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme pour les trois prévenus. Le patron de ce parquet financier, Jean-François Bohnert, était présent en personne pour le jugement. Les réactions n’ont pas tardé à droite de l’échiquier politique, où l’on a dénoncé un «acharnement judiciaire» et la «sévérité» de la peine. «Quel acharnement insensé», a écrit Carla Bruni-Sarkozy sur son compte Instagram. «Le combat continue, la vérité fera jour», a-t-elle ajouté.
Cette première condamnation pour Nicolas Sarkozy intervient alors qu’il doit à nouveau faire face à des juges, dès le 17 mars, au procès de l’affaire «Bygmalion», portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012. Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007. C’est dans le cadre de cette dernière affaire qu’il avait été placé sur écoute en 2013.
Les juges découvrent alors, début 2014, que Nicolas Sarkozy utilise une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l’alias de «Paul Bismuth», pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog. Sur les 21 de leurs conversations retranscrites, le tribunal en a écarté deux. Les autres prouvent bien selon les juges qu’un «pacte de corruption» a été conclu entre Nicolas Sarkozy, son avocat et Gilbert Azibert.
“Le tribunal de Paris s’est prononcé en première instance sur le dossier Azibert. Je redis mon respect et mon amitié au Président Nicolas Sarkozy. Toutes les voies de recours doivent être utilisées pour qu’il puisse laver son honneur et que toute la vérité soit faite”, a déclaré Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France sur Twitter. L’ancien magistrat Gilbert Azibert, condamné à trois ans de prison dont un ferme, fait lui aussi appel de sa condamnation, a annoncé son avocat à BFMTV.