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Covid-19 : une seule dose de vaccin suffit pour les personnes ayant déjà été infectées, estime la Haute Autorité de santé

Écrit par sur février 12, 2021

Si cette mesure est appliquée, elle pourrait permettre d’économiser plusieurs millions de doses et d’éviter une seconde injection pour les personnes concernées.

La Haute Autorité de santé (HAS) a rendu un avis favorable à l’administration d’une dose unique pour les personnes déjà infectés par le virus responsable du Covid-19. Et ceci, “car elles ont déjà élaboré à l’occasion de l’infection une mémoire immunitaire”, explique un communiqué, vendredi 12 février. “La dose unique de vaccin jouera ainsi un rôle de rappel.”

Au préalable, la commission vaccins de l’autorité avait saisi pour avis la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf), qui lui avait transmis ses conlusions en fin de semaine dernière. La HAS recommande de réaliser cette “vaccination au-delà d’un délai de 3 mois après l’infection, de préférence avec un délai proche de 6 mois”. Les personnes présentant une immunodépression avérée devront conserver un schéma vaccinal à deux doses.

Les données disponibles, néanmoins, ne suscitent pas d’inquiétude pour deux doses administrées à des personnes déjà infectées par le passé, en dehors de la survenue d’effets de réactogénicité systémique potentiellement plus fréquente”. Cet avis de la HAS intervient dans un contexte marqué par des tensions d’approvisionnement. Cette option, en théorie, pourrait ainsi permettre de dégager autant de doses que de personnes déjà contaminées en France – soit autour de 3,4 millions à ce stade.

L’ensemble des vaccins concernés

Les personnes déjà infectées semblent développer une importante concentration d’anticorps après une dose, selon deux articles en pré-publication – dont les résultats sont résumés par le British Medical Journal (article en anglais). La première étude a évalué les réponses immunitaires de 109 patients, dont 41 avaient déjà contracté le Covid-19. Deux semaines après l’injection (Pfizer-BioNTech ou Moderna), ces derniers présentaient une concentration d’anticorps jusqu’à dix fois supérieure – et parfois même davantage – à celle observée chez des personnes qui n’ont jamais été infectées par le Covid-19 et à qui on avait administré deux doses. Une seconde étude a mesuré la réponse immunitaire induite par une dose unique chez 59 professionnels de santé. Là encore, les personnes déjà infectées présentaient un niveau d’anticorps plus élevé que les autres.

“L’immunité naturelle est relativement longue, avec une persistance du taux d’anticorps au moins pendant six à huit mois. C’est donc comme si l’infection servait de première dose.”

Ces premiers résultats reposent sur des vaccins à ARNm, mais la recommandation de la Spilf porte bien sur l’ensemble des vaccins. “Par hypothèse, nous devrions avoir les mêmes données” sur les autres vaccins, explique à franceinfo Odile Launay, infectiologue et membre du Comité vaccin Covid-19. En France, une étude “plus fine” doit être lancée d’ici une dizaine de jours avec le vaccin de Pfizer-BioNTech, dans le cadre de l’essai CoviCompare-P. Il s’agira de comparer “la réponse avec une dose chez des gens pré-exposés au virus” il y a plus de six mois à celle obtenue après deux doses chez des individus lambda. Des études similaires seront également menées avec les vaccins de Moderna et d’AstraZeneca.

Mais les deux études ont également observé que les personnes déjà infectées par le Covid-19 qui étaient vaccinées développaient plus fréquemment des effets secondaires à ce vaccin (notamment de la fatigue, des maux de tête, des douleurs musculaires…). Dans son dernier rapport de surveillance, l’ANSM souligne ainsi que “la proportion de patients ayant développé des effets réactogènes systémiques semblait plus élevée en cas d’antécédent de Covid‐19, avec cependant une gravité moindre”. Une monodose – qui ferait alors office de rappel – permettrait donc d’éviter d’éventuels désagréments supplémentaires lors d’une seconde dose à l’intérêt limité.

Des questions logistiques

Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, avait déjà indiqué, début février, qu’il laisserait sa seconde dose “à quelqu’un d’autre”, car il avait déjà contracté le Covid-19 l’an passé. Il précise toutefois à franceinfo qu’aucune recommandation de la sorte n’avait été adressée au personnel, avant l’avis de la HAS. A Nîmes (Gard), plusieurs agents du CHU ayant bénéficié de la première dose ont également posé la question au service de santé au travail. “C’est quelque chose qui est déjà dans la tête des gens”, explique Paul Loubet, même si la seconde injection est maintenue pour le moment, en attendant les recommandations officielles.

L’éventuelle mise en œuvre de cette dose unique, toutefois, suscite des interrogations. Comment identifier de manière fiable les personnes déjà infectées ? Faudra-t-il recourir à des tests sérologiques en cas de doute ou quand l’historique de la personne n’est pas connu ? “Depuis l’été, avec des tests beaucoup plus disponibles, je pense que les gens qui ont fait la Covid-19 le savent”, estime Paul Loubet – hormis peut-être dans les cas peu symptomatiques. Il propose de se baser sur les tests positifs et la connaissance de chacun, “plutôt que sur des sérologies systématiques qui complexifieraient les choses”.

Cette monodose réservée aux personnes déjà infectées pourrait également compliquer le circuit logistique. Par exemple, il faudra prévoir la possibilité de réserver un seul rendez-vous, alors que les systèmes informatiques en proposent deux actuellement.