Contagiosité, dangerosité… ce que l’on sait de la nouvelle souche détectée au Royaume-Uni
Écrit par Jonathan PIRIOU sur décembre 21, 2020
MUTATION – Branle-bas de combat en Europe depuis la détection au Royaume-Uni d’une nouvelle souche du coronavirus. Une mutation présentée comme plus contagieuse que les autres mais qui ne compromettrait pas l’efficacité des vaccins Londres est confrontée au “Noël le plus dur depuis la guerre”. C’est par ces mots que Sadiq Khan, le maire de la ville, a qualifié samedi le nouveau tour de vis édicté par le gouvernement britannique. Boris Johnson, le Premier ministre, a en effet porté un coup de grâce aux retrouvailles de fin d’année, optant pour un reconfinement de la capitale mais aussi du sud-est de l’Angleterre. En cause ? Une mutation du virus aux contours encore flous qui a cependant entraîné une quasi mise sous quarantaine du Royaume-Uni, de nombreux pays lui ayant temporairement fermé leurs frontières.
Une “variante” qui compte 23 changements
Cette nouvelle forme du virus a été dévoilée lundi 14 décembre par le ministre de la Santé Matt Hancock aux députés. Il s’agit d’une souche, identifiée chez plus de 1000 personnes principalement dans le sud de l’Angleterre, qui pourrait être impliquée dans la propagation “exponentielle” du virus dans le sud-est de l’Angleterre, sans que l’on sache “dans quelle mesure”, selon Matt Hancock.
Cette variante, qui serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent (sud-est), était à l’origine de 62% des contaminations enregistrées à Londres en décembre et de 43% dans le sud-est, bien plus qu’à la mi-novembre. Selon le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance, cette variante contient 23 changements par rapport au virus désormais bien connu des chercheurs. Il s’agit d’un “nombre inhabituellement grand”, beaucoup étant “associés aux changements dans la protéine que le virus fabrique” et “à la manière dont le virus se lie aux cellules ou les pénètre”, précise-t-il.
La nouvelle souche porte notamment une mutation, nommée N501Y, dans la protéine de la “spicule” du coronavirus, la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer.
Bien plus contagieuse
Samedi soir, Boris Johnson a reconnu que la nouvelle variante du virus se transmet “bien plus facilement”, “jusqu’à 70% de plus”. Toutefois, a-t-il poursuivi, “rien n’indique qu’il est plus mortel ou qu’il cause une forme plus sévère de la maladie”.
Selon Patrick Vallance, cette nouvelle variante “se propage rapidement”, et devient aussi la forme “dominante”, ayant entraîné “une très forte hausse” des hospitalisations en décembre. Selon le médecin-chef de l’Angleterre, Chris Whitty, “rien n’indique pour le moment que cette nouvelle souche cause un taux de mortalité plus élevé ou qu’elle affecte les vaccins et les traitements, mais des travaux urgents sont en cours pour confirmer cela”.
Les vaccins demeurent efficaces
Car de fait, nombreux sont ceux à s’interroger : les vaccins récemment mis au point restent-ils efficaces contre cette nouvelle souche ? Une réunion entre experts des pays de l’Union européenne, à laquelle ont notamment participé des représentants de l’autorité allemande de veille sanitaire (RKI), a eu lieu dans la journée de dimanche. Leur conclusion ? “D’après tout ce que nous savons à l’heure qu’il est et à la suite d’entretiens qui ont eu lieu entre les experts des autorités européennes”, la mutation “n’a pas d’impact sur les vaccins” qui restent “tout aussi efficaces”, a déclaré le ministre de la Santé Jens Spahn.
Il faisait notamment référence au vaccin des laboratoires Pfizer/BioNTech, déjà utilisé dans plusieurs pays dans le monde et qui a reçu ce lundi après-midi l’agrément de l’Agence européenne des médicaments. Agence qui a d’ailleurs elle aussi souligné par la voix de sa directrice générale qu’“aucune preuve” ne permettait d’affirmer que le vaccin ne protégeait pas contre cette nouvelle variante.
Déjà d’autres mutations
Les mutations d’un virus sont courantes. Certaines les rendent plus résistants aux traitements ou aux vaccins, qui peuvent être adaptés, mais d’autres n’ont “absolument aucun effet”, a commenté dans un communiqué Jonathan Ball, professeur de virologie moléculaire à l’université de Nottingham. “Nous n’avons pas beaucoup de raisons de penser que cela pourrait affecter l’efficacité du vaccin”, nous indiquait plus tôt dans la semaine Morgane Bomsel, spécialiste de virologie et chercheuse au CNRS.