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Avec la PlayStation 5 qui sera lancée le 12 novembre prochain, Sony, qui n’a pas le droit à l’erreur, vise un “high score” à tout prix

Écrit par sur novembre 8, 2020

Sony s’apprête à lancer le 12 novembre sa nouvelle console PlayStation 5, deux jours après la dernière Xbox de Microsoft. Mais le géant nippon, dont les résultats financiers dépendent lourdement de sa division jeux vidéo, n’a pas droit à l’erreur.

Sony, entré tardivement sur le marché du jeu vidéo en 1994 avec sa première PlayStation, a depuis lié étroitement son sort à ce secteur lucratif, qui devrait représenter près du tiers de ses ventes en 2020-2021.

En comparaison, ce segment représentait moins de 10% du chiffre d’affaires de Microsoft sur l’exercice achevé en juin 2020.

Pour pouvoir vendre des jeux et des services d’abonnement, Sony devra d’abord équiper un maximum de joueurs de sa nouvelle console, en tirant les leçons du passé.

“Au lancement, deux principaux facteurs influencent le succès d’une génération de consoles: être la première lancée et la moins chère”, note Morris Garrard, analyste chez Futuresource, rappelant le “relatif échec” de la PS3, sortie un an après sa rivale et à un prix supérieur.

La PlayStation 4 s’est en revanche deux fois mieux vendue que la Xbox One.

Cette fois, Sony a aligné ses prix sur ceux de Microsoft, quitte à vendre sa console avec une faible marge, voire à perte selon les analystes: ce sera 500 dollars pour la PS5, comme la Xbox Series X.

La version sans lecteur de disque de la PS5 coûtera 400 dollars, davantage que les 300 dollars de la Xbox Series S, elle aussi dépourvue de lecteur de disque mais moins puissante.

Pour éviter les ruptures de stocks, Sony a musclé sa production, dont le rythme sera cependant dicté par les capacités de ses sous-traitants, notamment TSMC, le fournisseur taïwanais du processeur et de la puce graphique de la console, déjà très sollicité pour les smartphones 5G.

“Ce que Sony peut produire, il le vendra”, estime Yasuo Imanaka, analyste chez Rakuten Securities. Mais “tout dépendra de ce que TSMC peut fournir”, déclare-t-il à l’AFP.

M. Imanaka pense qu’à terme les ventes de PS5 pourraient nettement dépasser le record absolu fixé par la PS2, sortie en 2000, avec ses plus de 157 millions d’exemplaires écoulés.

Mais pour se démarquer de la Xbox, aux performances globalement équivalentes, Sony comptera surtout sur son catalogue de jeux, dont des exclusivités qui “feront ou déferont” la PS5, selon le président de Sony Interactive Entertainment Jim Ryan.

L’un de ses atouts sera le nouveau jeu exclusif de Sony “Spider-Man: Miles Morales”, dont le précédent opus comptait parmi les meilleures ventes sur PS4.

Son développeur, l’américain Insomniac Games, est devenu l’an dernier le 14ème studio de jeux vidéo détenu par le groupe nippon.

Cette tendance à internaliser des développements de plus en plus coûteux, aussi observée chez Microsoft avec l’annonce en septembre de son rachat de ZeniMax pour 7,5 milliards de dollars, devrait se poursuivre, selon Amir Anvarzadeh, stratégiste chez Asymmetric Advisors.

“Près de 70% des jeux” PlayStation proviennent d’éditeurs tiers, note-t-il. Sony prélève sur chaque vente des droits d’accès (royalties) à sa console, qui sont cependant appelés à diminuer à l’avenir sous la pression des éditeurs de jeux.

Quand cette baisse se concrétisera, Sony “va souffrir car il aura besoin de vendre deux fois plus” de consoles pour le même résultat. “Ce point sera crucial pour ses profits à long terme”.

Il y a par ailleurs “de moins en moins d’incitations pour les développeurs à travailler exclusivement sur une plate-forme”, observe encore M. Anvarzadeh, alors que le marché évolue vers des usages “cross-play”, permettant de s’affronter sur un même jeu via différentes consoles ou sur ordinateur.

Microsoft, davantage en pointe sur ce créneau, propose aussi une formule d’abonnement permettant de jouer à une centaine de jeux aussi bien sur Xbox que sur PC, et même d’acheter sa console par mensualités.

Cette stratégie d’ouverture de l’américain, qui par ailleurs investit davantage que son rival pour développer le jeu en streaming (+cloud gaming+), “semble viser la domination à long terme” du marché du jeu, note Morris Garrard.

“La richesse des contenus de Sony et ses technologies” vont “encourager les consommateurs à adopter” la PS5, pense toutefois l’analyste. Mais alors que certains annoncent la mort prochaine des consoles physiques, “la stratégie de Sony m’apparaît tournée vers le court terme”.