Covid-19 : le Brésil franchit le cap du million de contaminations avérées
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juin 20, 2020
Le géant sud-américain peine encore à endiguer l’épidémie, même si le gouvernement entraperçoit des motifs d’optimisme.
Le Brésil a dépassé vendredi le cap du million de cas de contaminations confirmées de coronavirus. Une annonce faite par le gouvernement après un record de nouveaux cas quotidiens.
Officiellement, le plus grand pays d’Amérique latine (210 millions d’habitants) recense ainsi 48 954 décès, après 1206 morts supplémentaires en 24 heures. En valeur absolue, ces données font du Brésil le deuxième pays au monde où le Covid-19 tue le plus et contamine le plus derrière les Etats-Unis (119 000 décès). Cela équivaut à environ 23 décès pour 100 000 habitants, contre 44 en France, 57 en Italie, 63 au Royaume-Uni et 84 en Belgique, des pays confrontés plus tôt au Sras-Cov-2.
Mais les statistiques officielles brésiliennes sont jugées très sous-estimées par les scientifiques en raison du manque de dépistages massifs dans ce gigantesque pays.
Un plateau qui peine à arriver
Surtout, depuis le début de juin, le Brésil a enregistré le plus de nouvelles contaminations (518 000) et de décès (19 000) qu’aucun autre pays au monde.
Le ministère a expliqué la forte poussée de vendredi « en partie par une instabilité dans le mode d’extraction des données d’Etats comme Bahia, Rio de Janeiro et Sao Paulo ». Des données concernant plusieurs jours auraient ainsi été comptabilisées au titre d’une seule journée.
Avec 12 232 morts, l’Etat de Sao Paulo, capitale économique du Brésil et aussi peuplé que l’Espagne avec 46 millions d’habitants, reste de loin le premier foyer de coronavirus, devant celui de Rio de Janeiro (8595 décès).
Impact du déconfinement
Toutefois, en dépit du cap symbolique du million de cas, les experts estiment prudemment que la pandémie semble atteindre enfin un plateau, même si cela cache de fortes disparités régionales. Interrogé sur l’évolution de la pandémie, l’ancien ministre de la Santé Luiz Henrique Mandetta avait estimé jeudi que « le pire est passé dans les villes du Nord et du Nord-est et que Sao Paulo s’oriente vers une baisse dans les prochaines semaines, comme Rio ».
Mais, a-t-il averti, il faudra observer l’impact du déconfinement. C’est ce qui inquiète les épidémiologistes, comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), alors que de nombreux Etats brésiliens, dont les plus touchés, ont entamé un déconfinement.
L’épidémie passée « à la fin août ou en septembre »
Certains, comme celui de Sao Paulo, ont autorisé la réouverture des commerces « non-essentiels », après près de trois mois de paralysie. À Rio, le championnat de football a repris jeudi. « Dans d’autres villes du Sud-est, il me semble (que la pandémie est) encore en progression. Dans le Sud (le reflux) n’a pas encore commencé », a ajouté Luiz Henrique Mandetta. « En considérant le Brésil dans son ensemble, l’épidémie (devrait être passée) à la fin août ou en septembre », a-t-il prédit.
Valse des ministres
Pays sans stratégie sanitaire face au coronavirus, le Brésil est gouverné par un président Jair Bolsonaro qui a minimisé la crise et appelé la population à ne pas rester confinée, au nom de la préservation des emplois.
Tandis que les Etats prenaient des mesures en ordre dispersé, le ministère de la Santé a connu une valse de ses titulaires depuis l’apparition de la pandémie. Le général Eduardo Pazuello est le troisième ministre de la Santé depuis avril. Il a nommé une vingtaine de militaires au sein du ministère et a généralisé l’hydroxychloroquine, très contestée, à l’insistance du président Bolsonaro.