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L’hydroxychloroquine et la chloroquine sont inefficaces et même dangereux selon la première grosse étude menée sur près de 15.000 malades parue dans The Lancet

Écrit par sur mai 23, 2020

Une vaste étude parue vendredi dans The Lancet, menée sur près de 15.000 malades,  est la “première à large échelle” à montrer une “preuve statistique robuste” que ces deux traitements, promus notamment par le professeur Didier Raoult et le président américain Donald Trump, “ne bénéficient pas aux patients du Covid-19”, déclare le docteur Mandeep Mehra, auteur principal de l’étude publiée dans la prestigieuse revue médicale.

Ces patients ont reçu quatre combinaisons différentes à base de chloroquine (un antipaludéen) et d’hydroxychloroquine (prescrit contre la polyarthrite rhumatoïde par exemple) : les traitements étaient soit administrés seuls, soit associés à un antibiotique de la famille des macrolides.

L’étude a analysé des données d’environ 96 000 patients infectés par le virus Sars-CoV-2 admis dans 671 hôpitaux entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, sortis ou décédés depuis.

Environ 15 000 d’entre eux ont reçu l’une des quatre combinaisons (chloroquine seule ou associée à l’antibiotique, hydroxychloroquine seule ou associée à ce même antibiotique), puis ces quatre groupes ont été comparés aux 81 000 malades du groupe témoin n’ayant pas reçu ce traitement.

Un risque de mortalité bien plus élevé Résultat, les quatre traitements ont tous été associés à un risque de mortalité bien plus élevé qu’au sein du groupe témoin (qui était de 9,3%) : 16,4% de décès pour la chloroquine seule, 22,2% quand elle était combinée à l’antibiotique ; 18% pour l’hydroxychloroquine seule, et 23,8% quand elle était associée au même antibiotique.

Les auteurs estiment ainsi que le risque de mortalité est de 34% à 45% plus élevé chez des patients prenant ces traitements que chez des patients présentant des facteurs de comorbidité, c’est-à-dire de facteurs de risque. Ils ont aussi découvert de sérieuses arythmies cardiaques graves plus fréquentes chez les patients recevant chloroquine ou hydroxychloroquine, surtout avec la combinaison hydroxycholroquine-macrolide (8% des malades contre 0,3% dans le groupe témoin).

Le risque d’arythmie serait en définitive cinq fois plus élevé avec la prise de ces deux molécules, même si le lien de cause à effet n’est pas directement prouvé, expliquent les auteurs, qui demandent une confirmation “urgente” via des essais cliniques randomisés (patients choisis par tirage au sort) avant toute conclusion.

Soulignant que des études préliminaires à petite échelle ont déjà “échoué à identifier des preuves robustes d’un bénéfice” de ces deux traitements, “nous savons maintenant avec notre étude que les chances d’améliorer” l’état des malades du Covid-19 “sont plutôt minces”, écrit le docteur Frank Ruschitzka, du centre hospitalier universitaire de Zurich, coauteur de l’étude.

Alors que plusieurs pays comme le Brésil parient sur l’usage de la chloroquine et de son dérivé, l’étude recommande de ne pas administrer ces traitements en dehors des essais cliniques. L’hydroxychloroquine est actuellement testée dans plusieurs essais cliniques, dont l’essai européen Discovery.