Johnson réussit magistralement son pari, Corbyn endure une débâcle, les leçons d’un scrutin historique au Royaume-Uni
Écrit par Jonathan PIRIOU sur décembre 13, 2019
On l’aime ou on le déteste, avec sa fausse allure brouillonne, son mépris des détails et surtout pour son slogan « Get Brexit done » (« réalisons le Brexit »), simpliste, répété ad nauseam durant toute la campagne des élections générales au Royaume-Uni. Pour autant, Boris Johnson a magistralement réussi son pari. Son camp conservateur a remporté une victoire historique, jeudi 12 décembre, avec 361 sièges à la Chambres des communes (évaluation à 7 heures du matin), soit 35sièges au-delà de la majorité absolue (326), une avance jamais vue depuis 1987, lors de la troisième victoire d’affilée du parti sous le leadership de Margaret Thatcher.
Le premier ministre sortant va pouvoir rester à Downing Street cinq ans, et surtout réaliser comme promis le Brexit au 31 janvier 2020, ayant totalement renouvelé un Parlement jusqu’alors dans l’impasse, sans majorité pour (ou contre) le divorce avec l’Union européenne (UE). Les nouveaux députés feront leur entrée à Westminster dès mardi 17 décembre et pourraient avoir à se prononcer sur le « Withdrawal bill », l’acte législatif de retrait de l’Union européenne (UE) avant Nöel. « On nous a donné un mandat fort pour unir ce pays et réaliser le Brexit » a martelé Boris Johnson vers 3 h 45 du matin, depuis sa circonscription d’Uxbridge, dans le nord-ouest de Londres. Le parti travailliste, deuxième force politique du pays, encaisse en revanche une véritable débâcle, passant juste au-dessus des 200sièges (selon les estimations du début de la matinée, vendredi), contre 262 jusqu’en novembre dernier. Il paie lourdement un message flou sur le Brexit – le parti s’engageait à renégocier l’accord de divorce puis à organiser un référendum, un programme très radical (plus de 400 milliards de livres de dépenses publiques supplémentaires, environ 482 milliards d’euros) et surtout, l’image très dégradée de son chef, Jeremy Corbyn, accusé de n’avoir pas sérieusement lutté contre l’antisémitisme rampant dans le parti.