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Ce que l’on sait de l’effondrement du pont qui a fait deux morts en Haute-Garonne

Écrit par sur novembre 19, 2019

Le camion était-il trop lourd, le pont fragilisé ? Selon les premiers éléments de l’enquête, dévoilés mardi 19 novembre au lendemain de l’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), dans lequel une adolescente de 15 ans et le chauffeur d’un camion ont trouvé la mort, la charge du poids lourd – plus du double du maximum autorisé sur le pont – semble être à l’origine de l’accident.

  • Que s’est-il passé ?

Un pont métallique s’est affaissé vers 8 heures à Mirepoix-sur-Tarn, précipitant dans l’eau les deux véhicules qui s’y trouvaient : la voiture dans laquelle était assise l’adolescente, conduite par sa mère, qui a pu être sauvée, et le poids lourd. La jeune fille était en classe de première au lycée privé d’enseignement professionnel rural de la localité voisine de Montastruc-la-Conseillère, selon l’établissement, où une cellule psychologique a été mise en place.

Dans la soirée, le maire de la commune, Eric Oget, a annoncé la mort du conducteur, retrouvé dans la cabine du poids lourd. « C’est le bilan définitif, il n’y a pas d’autre personne portée disparue », a assuré l’élu. Quatre autres personnes, dont deux pompiers, ont été légèrement blessées, selon France Bleu Occitanie.

  • Un camion trop lourd pour le pont

Selon le procureur de Toulouse, Dominique Alzeari, qui s’exprimait mardi, le camion pesait « plus de 50 tonnes », alors que le pont avait une capacité maximale de 19 tonnes. « Le fait que ce véhicule lourd ait emprunté ce pont (…) semble être, en l’état des investigations, la cause immédiate et apparente de l’accident », a affirmé le procureur chargé de l’enquête, précisant que d’autres causes possibles restaient à l’étude, comme l’usure du pont métallique.

« Je suis très étonné car nous connaissons l’entreprise du chauffeur, qui savait le tonnage autorisé sur ce pont, il a pris un risque en le traversant », avait plus tôt déclaré Eric Oget. L’élu de ce village d’un millier d’habitants a décrit le véhicule comme étant un « porte-char de transport de grue » appartenant à une entreprise locale de forage, qui a été perquisitionnée.

Les gendarmes devaient procéder mardi à l’amarrage du camion, afin que le courant ne l’emporte pas, avant de le sortir de l’eau dans les prochains jours. Cette opération complexe pourrait prendre du temps.

  • Le pont était-il en mauvais état ?

Alors que l’accident a relancé les inquiétudes sur l’état des ponts en France, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre a été chargé par le gouvernement de mener ses propres investigations. Seule certitude : datant de 1931, le pont suspendu, qui s’est « effondré brutalement en quelques secondes », avait été contrôlé et « n’avait pas été identifié comme posant des problèmes particuliers », a déclaré lundi la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Emmanuelle Wargon, qui s’est rendue sur place. Son tablier s’est pourtant presque totalement effondré dans le Tarn, profond de plus de 20 m et large de 100 m dans cette zone.

L’ouvrage, rénové en 2003, « n’était pas classé à surveillance renforcée ou en état critique », selon Georges Tempez, du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement. Cet organisme public en avait réalisé en 2017 une inspection détaillée pour le compte du conseil départemental. Un dernier contrôle avait aussi été mené en décembre 2018.

Selon le président de la communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin, le passage de camions en surpoids n’y était pas exceptionnel, ce qui aurait pu le fragiliser. Les habitants, qui empruntent régulièrement cette desserte, majeure pour leur localité, ont été d’autant plus choqués que des bus scolaires venaient d’y passer, selon un témoin.

Ce drame « illustre malheureusement » les conclusions de la mission d’information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu’il y a « une vraie dangerosité de l’état de nos ponts », a déclaré son président, Hervé Maurey (Eure, Union centriste). Mise en place après l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes, en Italie, qui a fait 43 morts en août 2018, la mission d’information avait appelé fin juin à « un “plan Marshall” pour éviter un drame », réclamant un audit des ponts. Selon ses conclusions, au moins 25 000 ponts français « sont en mauvais état structurel », sur les 200 000 à 250 000 ouvrages que compte le pays, leur nombre exact n’étant pas connu.