Angers: Clients chahutés, bugs… Un dimanche mouvementé dans l’hypermarché sans caissier
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 25, 2019
- L’hypermarché Géant Casino de la Roseraie est le premier du genre à accueillir les clients le dimanche après-midi, via des caisses automatiques.
- Depuis 12h, à l’appel de la CGT, une manifestation se tient devant et à l’intérieur du magasin.
A Angers,
« Travaille, consomme, et ferme ta gueule ! » L’ambiance est électrique et les slogans plutôt directs au Géant Casino d’Angers. Depuis ce dimanche, une mobilisation est en cours dans cet hypermarché du quartier de la Roseraie, le premier de France à avoir décidé d’ouvrir ses portes aux clients le dimanche après-midi jusqu’à 21h, et ce sans caissier. A midi, plusieurs centaines de manifestants – dont une partie de gilets jaunes – avaient déjà répondu présent, à l’appel de la CGT, devant et à l’intérieur de ce magasin de plus de 5.000 m2. « On va leur pourrir la vie, tous les dimanches s’il le faut, lance l’un d’entre eux. Il faut qu’il y ait un maximum de perturbations pour que Casino perde du pognon et revienne sur sa décision ! »
A 13h, dans le brouhaha le plus total, les hôtesses de caisse ont pourtant, comme prévu, quitté leur poste pour laisser les clients entre les mains de la dizaine de bornes automatiques, accessibles uniquement par carte bancaire. C’est le procédé expérimenté par Casino : les 115 salariés du magasin, qui n’ont légalement pas le droit de travailler le dimanche après-midi sont remplacés par une quinzaine d’employés de sociétés extérieures, animatrices de caisse et agents de sécurité. Et ce dimanche, exceptionnellement, une dizaine d’agents de police se tiennent également devant les caisses pour éviter tous débordements. « On est là pour dénoncer la précarisation de nos métiers, on n’est pas contre vous, hurle une femme au mégaphone. Aujourd’hui ce sont les caissiers, mais demain ce sera vous et vos enfants qui pointerez au chômage ! »
Lancement sous tension
Les premières heures de ce nouveau système ont viré au fiasco. Dès les premières minutes, sur la majorité des écrans, un message d’erreur clignote. Les hôtesses, qui tentent de joindre l’assistance téléphonique, n’entendent rien en raison des sifflets, des chants, et du bruit des machines. Des insultes fusent. La tension monte entre certains manifestants et clients. Certains d’entre eux, découragés par l’attente ou par solidarité, finissent par abandonner leurs paniers, parfois remplis de produits frais. Dans les allées (les rayons alcool, boucherie, poissonnerie ou jeux vidéo, sont fermés), les caméras de vidéosurveillance, installées en nombre, pour prévenir les vols ne filment pas grand monde.
Je suis venue par hasard, car j’avais absolument besoin de produits ménagers », explique une femme, qui se dit « vraiment désolée ». D’autres clients assument davantage soutenir cette ouverture dominicale. « Dans d’autres pays, les magasins sont ouverts 24/24 et franchement ça se passe très bien, juge Fouad, une barquette de pavés de saumon à la main. Quand on travaille toute la semaine, il faut bien pouvoir faire ses courses. En plus, c’est automatique donc je ne vois vraiment pas où le problème. » A 16h, la tension est retombée et les clients se font un petit peu plus nombreux.
« On se bat pour l’emploi et pour l’humanité »
Dans l’entrée, les manifestants continuent à donner de la voix, à applaudir les clients qui rebroussent chemin. « A terme, quand l’automatisation sera généralisée, ce sera 40 postes de supprimés, calcule Gérald Marguerez, de l’union locale CGT 49. On se bat pour l’emploi et pour l’humanité du commerce. Toutes les petites structures sont en train de disparaître et c’est lamentable. Sans compter que cela donne des idées aux autres groupes de la grande distribution, au nom de la compétitivité. »