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Disparition de Niki Lauda : “Sa vie c’est un combat, une lutte étonnante. C’était un garçon phénoménal”

Écrit par sur mai 21, 2019

‘ancien pilote français de Formule 1 Jean-Pierre Jarier a réagi avec émotion, mardi 21 mai sur franceinfo, à la disparition de son compère Niki Lauda, qu’il a côtoyé sur les circuits dans les années 70. “Sa vie, c’est un combat, une lutte étonnante”, a expliqué Jean-Pierre Jarrier, qui revient sur l’un des événements marquants de la carrière de Niki Lauda : son terrible accident en 1976 sur le circuit du Nürburgring, en Allemagne. Jean-Pierre Jarier participait à la course ce jour-là.

franceinfo : Quel souvenir de Niki Lauda garderez-vous?

Jean-Pierre Jarier : C’était un pilote exceptionnel. Le seul problème qu’il a eu, c’est son accident sur le circuit du Nürburgring. Je suis arrivé quelques instants après sur les lieux. Il avait respiré de l’air à 800 degrés de température, de l’air avec de l’essence etc… Tout le monde pensait qu’il était mort. Il s’en est sorti miraculeusement et quelques mois après, il a recommencé à courir et il est redevenu pilote. Et ça c’est juste extraordinaire ! Sauf qu’il a eu des séquelles, et en vieillissant il avait de moins en moins d’aptitudes pour respirer facilement et donc, ça a fini par mal tourner. Sa vie, c’est un combat, c’est une lutte étonnante. C’est un garçon phénoménal.

Le jour de cet accident, c’est un sentiment d’horreur qui se diffuse parmi les autres pilotes ?

Je suis arrivé quelques instants après, juste après qu’Arturo Merzario l’a tiré de sa voiture en flammes. C’est un accident terrible, qui était possible à cette époque-là, parce que les voitures prenaient feu assez facilement. Elles étaient en aluminium. Le carburant se répandait autour du pilote et même avec une combinaison de course ignifugée, ça ne le faisait pas. C’était l’époque la plus dangereuse de la course automobile. C’était très limite mais il s’en est sorti. Il avait le visage complètement abîmé. Ce n’était plus le même. Il avait les poumons extrêmement endommagés. C’est la cause de son décès…

Quelle était la réaction dans le paddock après cet accident ?

Il a eu l’extrême onction. Ça veut dire que plus personne ne croyait à sa survie. On était très habitués aux accidents parce qu’il y avait des accidents tout le temps à l’époque, des accidents mortels ou des blessés graves. Donc on n’était pas tellement surpris, mais qu’il arrive à revenir aussi rapidement dans la course… C’était incroyable. Il est quand même revenu dans la course avec des résultats magnifiques et ça, c’est absolument invraisemblable. Il avait changé un petit peu, psychologiquement, dans son approche de la course et il a refusé, par exemple, au Grand Prix du Japon, de conduire la voiture dans des conditions affreuses. Ça lui a coûté le championnat du monde, sinon c’était lui. Il tenait encore plus à sa vie après avoir failli la perdre précédemment.

Les pilotes, à votre époque, avaient beaucoup de courage de monter dans ces voitures. Est-ce que revoir Niki Lauda faire de la course après ce terrible accident, ça vous impressionnait, vous les autres pilotes?

Non, on trouvait ça normal ! Parce que tous les pilotes de cette époque ne couraient pas pour de l’argent ou pour les risques. Ils voulaient simplement courir en Formule 1 et gagner des courses. Et donc, quand il a pu reconduire, il n’y avait plus que ça qui comptait pour lui. Après, il a monté une compagnie aérienne, il a fait plein d’autres choses, mais il est revenu à la course. Il avait l’esprit d’un pilote de course de cette époque-là.

Vous avez perdu un compagnon aujourd’hui…

Je suis extrêmement attristé de le voir disparaître. J’espère qu’il n’a pas souffert. Cela me fait du mal de voir que les uns après les autres, les pilotes de course disparaissent. J’ai connu plein d’aventures avec lui en dehors de la course, c’était super sympa. La F1 des pilotes a perdu Niki Lauda. A l’époque, c’était avant tout un championnat de pilotes, avec des voitures qui n’étaient pas réglées aujourd’hui par des ingénieurs. C’était un autre monde, et cet autre monde est terminé. Lui, c’était un marqueur de l’ancienne époque. C’est une époque qui s’éteint un peu plus avec lui.