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Les otages français ont-ils été enlevés dans une «zone rouge» ?

Écrit par sur mai 12, 2019

Le ministre des Affaires étrangères a dénoncé samedi un manque de vigilance de la part de Patrick Picque et Laurent Lassimouillas. En plus d’être culpabilisante, l’affirmation du chef de la diplomatie française est fausse.

Jusque-là assez discret, le ministre des Affaires étrangères s’est offert une polémique à cause de propos inexacts. Samedi, Jean-Yves Le Drian a ainsi fustigé l’attitude irresponsable des deux ex-otages français libérés vendredi par l’armée, au Burkina Faso. L’opération militaire s’est soldée par le décès des commandos marine Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello. Les touristes ont été enlevés le 1er mai dans le nord du Bénin, lors d’un safari dans le parc de la Pendjari, une réserve naturelle qui est l’une des principales attractions touristique du pays et de l’Afrique de l’Ouest.

Les déclarations

A l’antenne d’Europe 1, Le Drian a affirmé que Patrick Picque et Laurent Lassimouillas ont pris «des risques majeurs». «La zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs si on y va», a ainsi déploré le ministre avant d’ajouter : «Il faut que tous ceux qui veulent faire du tourisme dans ces pays s’informent auparavant de ce qu’on appelle les conseils aux voyageurs mis en place et entretenus régulièrement par le Quai d’Orsay et qui indiquent les zones sûres, celles à petit risque et celles à gros risque.»

«Le message que je peux délivrer comme ministre des Affaires étrangères est que la plus grande précaution doit être prise dans ces régions pour éviter que de tels enlèvements n’aient lieu, et pour éviter des sacrifices de nos soldats», a-t-il martelé. Dans le Parisien de ce dimanche, Le Drian en rajoute une couche : «Nous nous réjouissons du retour de nos deux compatriotes… mais il est vrai qu’ils ont été enlevés dans une zone clairement déconseillée à tous les voyageurs. C’était donc un risque majeur de s’y engager.»

Qu’est-ce qu’une zone rouge ?

Ce que l’on qualifie de zone rouge, ce sont des territoires où il est fortement «fortement déconseillé» de circuler. Les niveaux d’alerte varient. Les zones orange sont «déconseillées sauf si impératifs», les zones jaunes et vertes recommandent une «vigilance normale». La cartographie établie par France diplomatie évolue au gré des menaces, elle est consultable sur le site du ministère des Affaires étrangères.

Les faits

Il s’avère que les consignes de sécurité du ministère des Affaires étrangères n’ont été mises à jour que le 10 mai, donc neuf jours après l’enlèvement de Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, comme l’a remarqué le journaliste de Marianne Thomas Vampouille.

Recommandations

Le Quai d’Orsay estime dorénavant qu’«en raison d’activités possibles de groupes armés et du risque d’enlèvement, il est formellement déconseillé de se rendre dans les zones frontalières du Burkina Faso, y compris les parcs nationaux de la Pendjari et du W, et les zones cynégétiques mitoyennes du parc de la Pendjari et de l’Atakora». Les attaques jihadistes, concentrées initialement dans le nord du Mali, se sont étendues vers le centre du pays puis vers le Burkina Faso et menacent désormais les pays côtiers du Golfe de Guinée, jusque-là épargnés.