Ce que l’on sait de la fusillade dans une synagogue en Californie
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 28, 2019
Un homme de 19 ans, se revendiquant antisémite et islamophobe, a attaqué à l’arme automatique une synagogue près de San Diego, en Californie, samedi 27 avril. Alors que les fidèles célébraient le dernier jour des festivités de la Pâque juive, une femme a été tuée et trois personnes blessées, dont un rabbin.
- Comme se sont déroulés les faits ?
Le jeune homme est entré dans la synagogue Chabad de la ville de Poway, qui compte quelque 50 000 habitants, peu après 11 h 23. Une centaine de fidèles y étaient rassemblés pour célébrer la Pâque. L’homme a ouvert le feu avec une arme qui apparemment s’est enrayée, ce qui explique le faible nombre de victimes. Il s’agissait d’un fusil d’assaut AR-15, utilisé dans de nombreuses fusillades aux Etats-Unis ces dernières années.
J’étais devant la maison, je m’apprêtais à faire du jardinage, et j’ai entendu six ou sept détonations », a raconté à la télévision locale NBC7 Christopher Folts, qui habite à proximité de la synagogue. « Il y a eu une pause, une voix d’homme qui criait et six ou sept autres détonations ».
Le tireur s’est enfui en voiture à l’arrivée de la police, mais a ensuite été rattrapé, interpellé et conduit au commissariat de San Diego. Un garde-frontière – qui n’était pas en service mais se trouvait sur place – a tiré sur le suspect au moment où il s’enfuyait et il a atteint sa voiture. L’arrestation est l’œuvre d’une brigade cynophile qui s’est précipité sur les lieux, a précisé le chef de la police de San Diego, David Nisleit : « Lorsque le policier a arrêté l’homme de 19 ans, il a clairement vu un fusil sur le siège passager du véhicule. L’homme a été placé en détention sans autre incident. »
- Qui sont les victimes de l’attaque ?
Une femme de 60 ans a succombé à ses blessures. Les blessés sont une jeune Israélienne de 9 ans et son oncle de 34 ans, ainsi que le rabbin de la synagogue, âgé de 57 ans, a fait savoir le shérif du comté de San Diego, Bill Gore, au cours d’une conférence de presse. Leurs jours ne sont pas en danger. Un porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien a confirmé que les deux ressortissants du pays étaient en « bonne » condition.
- Qui est le tireur présumé ?
La police locale a annoncé que le tireur présumé, un habitant de San Diego, avait été arrêté. Pas connu des services de police, il est étudiant à l’université de San Marcos, selon CNN.
D’après les médias locaux, il avait annoncé publiquement sur Internet son intention de tuer des juifs. « Nous avons des copies de ses publications sur les réseaux sociaux et de sa lettre ouverte, et nous les examinerons pour déterminer leur authenticité et savoir ce que cela apporte à l’enquête », a précisé le shérif.
Le texte, présenté par les médias comme étant celui du tueur, revendique comme inspiration celui écrit par Brenton Tarrant, un Australien suprémaciste blanc qui a tué 50 personnes dans l’attaque de mosquées le 15 mars à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Par ailleurs, il revendique un incendie volontaire contre une mosquée de Californie – située à moins de quinze kilomètres de la synagogue – une semaine après les attaques de Christchurch. Des tags avaient alors été réalisés en référence à la tuerie néo-zélandaise.
- Comment a réagi le pays ?
Le crime a aussitôt été dénoncé par Donald Trump comme « motivé par la haine ». Le président américain a présenté ses « plus sincères condoléances », affirmant que « la nation tout entière [était] en deuil ». « Nous condamnons avec force les maux de l’antisémitisme et de la haine, qui doivent être vaincus », a-t-il souligné.
Le maire de Poway a également rendu hommage « aux membres de la congrégation qui se sont opposés au tireur et qui ont évité ainsi un incident beaucoup plus horrible ». Une veillée d’hommage a eu lieu dans une église presbytérienne tout proche samedi soir. La police de Los Angeles a fait savoir qu’elle renforçait sa surveillance autour des synagogues et autres lieux de culte.
Onze personnes avaient été tuées exactement six mois auparavant, le 27 octobre, dans une fusillade dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie (est des Etats-Unis). Il s’agissait de l’attaque la plus meurtrière contre la communauté juive jamais commise aux Etats-Unis. « Il est temps de passer à l’action, de déclarer une guerre déterminée [à l’antisémitisme], et pas de condamner mollement, ce qui permet aux forces de la haine de revivre les heures sombres de l’histoire », a estimé l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon.
L’Anti-Defamation League, une organisation qui combat l’antisémitisme, avait dénombré un bond de 57 % des incidents antisémites aux Etats-Unis en 2017, la hausse la plus brutale depuis les années 1970.