Tragi-comédie du Brexit: Quand est-ce que ça s’arrête?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 28, 2019
Vous ne comprenez plus rien au Brexit ? C’est parfaitement normal, puisque même les Britanniques sont perdus. Mercredi soir, les députés du Royaume-Uni devaient se prononcer sur plusieurs motions, après avoir pris – légalement – le contrôle de l’agenda parlementaire. Le résultat n’a pas vraiment fait avancer les choses. Une sortie sans accord le 12 avril ? Rejetée. Un Brexit en restant dans le marché unique ? Rejeté. Une annulation du Brexit alors ? Rejetée. Un référendum pour valider l’accord de retrait ? Toujours pas. Un « non » à toutes les options qui n’a pas manqué de faire réagir les médias :
Aujourd’hui, plus personne ne semble en capacité de dire avec certitude ce qui va se passer dans les prochains jours et les prochaines semaines. Pour vous permettre – quand même – d’y voir un peu plus clair, 20 Minutes tente de répondre à quelques questions sur la crise en cours.
Pourquoi les députés britanniques n’arrivent-ils pas à valider l’accord de retrait ?
Depuis les dernières élections législatives de 2017, plus aucun parti politique ne possède la majorité (actuellement fixée à 320 sièges). Les Conservateurs (314 députés), dont est issue Theresa May, ont donc été obligés de s’allier avec le DUP (Democratic Unionist Party), le parti ultra-conservateur d’Irlande du Nord, qui possède 10 députés.
Le problème, c’est que le DUP refuse catégoriquement de soutenir l’accord de retrait de la Première ministre. Les alliés nord-irlandais de Theresa May sont opposés au « filet de sécurité » (backstop), qui risquerait selon eux de séparer encore plus l’Irlande du Nord du reste du Royaume-Uni. Comme si ça ne suffisait pas, des divisions existent aussi au sein même des Conservateurs : entre 60 et 85 députés emmenés par Jacob Rees-Moggmilitent pour un « hard Brexit » et une sortie sans accord. A l’opposé, une poignée de Conservateurs a fait campagne contre le Brexit et soutient même l’idée d’un deuxième référendum.
Quand le Brexit aura-t-il lieu ?
La seule certitude, c’est qu’il n’aura pas lieu le 29 mars, qui était censé être la date butoir. Les députés ont acté son report et plusieurs options sont sur la table. Soit les députés valident l’accord de retrait, et dans ce cas, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sera effective le 22 mai, la veille des élections européennes. C’est le scénario le plus simple.
Mais comme le texte a déjà été rejeté deux fois, il est très probable que les députés le rejettent à nouveau ce vendredi. Dans ce cas, les négociateurs européens laisseront à Londres un délai, jusqu’au 12 avril, pour présenter une alternative et demander un nouveau report, ce qui pourrait contraindre les Britanniques à participer aux élections européennes. Ce serait un cauchemar pour les partisans du Brexit, qui se retrouveraient liés pour un temps indéfini à l’UE. Si le 12 avril au soir, aucune proposition n’émerge, la sortie sans accord sera alors effective immédiatement.
Quand Theresa May va-t-elle démissionner ?
Contestée par sa majorité et épuisée par des négociations interminables, Theresa May a assuré mercredi qu’elle était prête « à quitter [son] poste plus tôt que prévu afin de faire ce qui est bon pour notre pays ». La Première ministre joue sa dernière carte, en promettant de quitter Downing Street si son accord est adopté, ce qui est loin d’être acquis. Elle a également indiqué qu’elle ne mènerait plus de nouvelles négociations avec l’UE. Elle pourrait donc quitter le pouvoir le 12 avril… ou après, si un nouveau report est décidé.