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Pourquoi c’est la dernière fois que vous verrez Toutankhamon à Paris

Écrit par sur mars 22, 2019

L’exposition Toutankhamon, le Trésor du Pharaon, qui commence ce samedi 23 mars à La Villette, est exceptionnelle à bien des égards.

Les billets pour l’exposition Toutankhamon, le Trésor du Pharaon, qui démarre ce samedi à la Grande Halle de La Villette, s’arrachent déjà. Alors que 130.000 billets ont été prévendus en ligne, l’événement s’annonce exceptionnel. A l’instar de l’exposition de 1967 au Petit Palais, surnommée “l’exposition du siècle”, qui avait passionné les foules et attiré pas moins de 1,24 million de visiteurs, un record toujours inégalé.

Les trésors de la tombe du célèbre pharaon reviennent donc en grande pompe à Paris, avant de voyager dans le monde entier. Comme une véritable rockstar en tournée mondiale, Toutankhamon, qui vient de Los Angeles, fera ensuite escale à Londres, puis à Sydney. La tournée qui mènera l’exposition dans dix villes au total s’achèvera en 2022, cent ans tout pile après la découverte de la tombe par Howard Carter.

Financer le futur “Grand musée égyptien”

Pour l’Egypte, il s’agit là d’une triple opération promotionnelle. Exposer ces pièces à l’étranger est ainsi une manière de faire de la diplomatie culturelle et d’attirer à nouveau des touristes que la crainte d’attentats terroristes avait fait fuir. Mais c’est aussi une façon de financer en espèces sonnantes et trébuchantes la restauration de ses sites archéologiques et du futur “Grand musée égyptien” en cours de construction près des pyramides. 
    
C’est le transfert progressif des collections du musée du Caire de la place Tahrir vers ce futur musée de Gizeh, qui a permis qu’un certain nombre d’objets remarquables puissent exceptionnellement quitter l’Egypte. Une soixantaine d’entre eux n’ont jamais voyagé. C’est aussi la dernière fois que ces pièces quitteront le pays, comme l’a expliqué aux Echos, Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au Louvre:

“C’est la dernière fois que les éléments de ce trousseau funéraire sortiront du pays avant de rejoindre le Grand Musée égyptien, et certaines pièces n’ont jamais été présentées à l’étranger.”

En 1967, il avait fallu trois ans de négociation avec le musée du Caire. Si les pièces présentées à partir de samedi à La Villette sont plus nombreuses qu’en 1967, les visiteurs de 2019, ne pourront pas, en revanche, admirer le masque funéraire de Toutankhamon. L’objet de 111 kilos d’or qui avait tant émerveillé les visiteurs de l’exposition voulue par André Malraux et organisée par l’égyptologue Christiane Desroche-Noblecourt en 1967 ne quitte plus l’Egypte. 

Toutankhamon, utilisé comme un véritable outil diplomatique par le président égyptien Anouar El-Sadate, comme l’évoque Le Monde, a voyagé dans le monde entier entre 1972 et 1980. C’est lors de ces pérégrinations qu’une pièce fut endommagée et que les députés égyptiens adoptèrent une loi interdisant la sortie des principaux chefs-d’œuvre nationaux du pays.

Barbe cassée, réparée à la glu

Et puis certaines pièces, à l’image de la Joconde qui ne bouge pas d’un iota même dans l’enceinte du Louvre, sont excessivement fragiles. Le fameux masque de Toutankhamon est de ceux-ci. En 2014, une rénovation à la hussarde avait fait scandale. La barbe postiche du malheureux pharaon, cassée lors d’un nettoyage, avait été recollée à la hâte avec une colle époxy – de la vulgaire glu – une véritable hérésie.

“Le masque est aujourd’hui considéré comme trop précieux pour être prêté, un peu comme la Joconde”, assure Vincent Rondot aux Echos.


Si d’autres pièces trop fragiles n’ont pas quitté l’Egypte, comme le sarcophage de Toutankhamon et le trône en verre, le public pourra découvrir à Grande Halle une des deux hautes statues de gardiens à l’entrée de la chambre funéraire, Toutankhamon debout sur une panthère, un magnifique pectoral en or, un bouclier cérémoniel en bois doré, une figurine d’Horus sous les traits d’un faucon, ou encore un pectoral en or de l’oiseau Ba avec incrustations de verre…
L’exposition de La Villette offre par ailleurs une bien meilleure façon d’observer les oeuvres que dans le musée de la place Tahrir, aux espaces encombrés. Les 2000 m² de la Grande Halle de La Villette permettent ainsi de se promener autour des oeuvres, de les découvrir sous tous les angles, à l’abri de vitrines bien éclairées, dans une semi-pénombre, qui respecte et perpétue le mystère du tombeau qui était destiné à ne jamais rouvrir.