Brésil : les terres amérindiennes menacées par le gouvernement de Jair Bolsonaro
Écrit par Jonathan PIRIOU sur janvier 4, 2019
Le président brésilien Jair Bolsonaro a pris une mesure polémique par ordonnance dès le premier jour de son mandat, en plaçant sous la tutelle du ministère de l’Agriculture la démarcation des terres attribuées aux peuples autochtones.
Le ministère aura sous sa responsabilité “la réforme agraire, la régularisation de la propriété dans les zones rurales (…) et les terres indigènes“, indique l’ordonnance publiée mardi au Journal Officiel. Auparavant, l’attribution de ces territoires réservés aux peuples autochtones était régulée par la Fondation de l’Indien (Funai), organisme publique chapeauté jusqu’à présent par le ministère de la Justice.
L’appétit de l’agrobusiness
La Funai elle-même devrait voir son fonctionnement profondément bouleversé sous le gouvernement Bolsonaro, qui a prévu de la mettre sous tutelle du nouveau ministère de la Femme, de la Famille et des Droits de l’Homme. Jair Bolsonaro, investi en grande pompe mardi, a confié le portefeuille de l’Agriculture à Tereza Cristina da Costa, leader du groupe parlementaire “ruraliste”, qui défend les intérêts de l’agrobusiness, soutien important du président lors de sa campagne.
Pour les défenseurs de la cause indienne, ce transfert de compétences dans la démarcation des terres revient à livrer les territoires ancestraux à l’appétit vorace de l’agrobusiness. “Vous avez vu ? Le démantèlement a débuté. La Funai n’est plus responsable de l’identification, de la délimitation et de la démarcation des terres indigènes“, a déploré sur Twitter la leader indienne Sonia Guajajara, candidate à la vice-présidence sur le ticket de Guilherme Boulos (extrême gauche).
Craintes de sanctions commerciales
Jair Bolsonaro avait également l’intention de fusionner les ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, mais a fait machine arrière en raison du tollé provoqué par cette perspective. Des représentants du lobby de l’agrobusines ont eux-mêmes manifesté leur inquiétude, craignant des sanctions commerciales sur les produits agricoles brésiliens de la part de pays soucieux de la préservation de l’environnement.
“Dès la campagne, nous avons toujours eu l’idée de placer tout ce qui tourne autour de l’agrobusiness, qui aujourd’hui porte à bout de bras l’économie brésilienne, sous le giron du ministère de l’Agriculture“, a affirmé mercredi à des journalistes Onyx Lorenzoni, chef du gouvernement Bolsonaro. “L’Environnement aurait aussi dû y être réuni (sous tutelle de l’Agriculture, ndlr). Nous n’avons pas pu faire certaines choses, mais, avec le temps, tout finit par fonctionner“.