Dans l’Antarctique, plus question de nouvelles aires protégées
Écrit par Jonathan PIRIOU sur novembre 9, 2018
Chaque année, au moment de la Toussaint, le sort de l’océan Austral se joue à Hobart, en Australie. Les négociations de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) s’y tiennent en cercle fermé. La fin de partie de cette 27e conférence, qui se termine vendredi 2 novembre, ne s’annonce pas sous les meilleurs augures.
Malgré les efforts des Etats favorables au renforcement des mesures de préservation de l’océan Austral, malgré les inquiétudes des scientifiques devant la disparition de colonies entières de manchots – entre autres – et les actions des ONG qui tâchent de faire pression à grand renfort de pétitions et de happenings lors des sommets internationaux, aucune nouvelle réserve naturelle ne devrait être créée. Reposant sur le consensus, le processus d’extension des aires marines protégées (AMP) semble sérieusement grippé.Discernement
La dernière grande avancée dans ce domaine remonte à 2016. Cette année-là, le président américain Barack Obama, sur le départ, et son secrétaire d’Etat John Kerry s’étaient mobilisés pour convaincre les vingt-cinq membres de la CCAMLR (vingt-quatre pays dont la France, plus l’Union européenne) de sanctuariser 1,57 million de kilomètres carrés, soit la plus vaste AMP du monde, dans la mer de Ross, après six ans de négociations.
Mais les temps ont changé au sein de cette organisation, mise en place en 1982 pour freiner les ardeurs des grandes flottes soviétiques de pêche au krill (Euphausia superba), un petit crustacé qui est aussi à la base de l’alimentation des cétacés, phoques, manchots, calmars, poissons… Cette année, à la CCAMLR, qui a pour mission à la fois de protéger les écosystèmes et de gérer avec discernement les ressources halieutiques au sud du 60e parallèle, les discussions se sont à nouveau focalisées sur la pêche au krill et à la légine, deux produits de la mer d’une grande valeur commerciale, capturés…