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Violences au collège et au lycée : que disent les chiffres ?

Écrit par sur octobre 23, 2018

Des statistiques officielles existent sur les “incidents graves” signalés par les chefs d’établissements. Une réalité largement sous-estimée ? 

Ce week-end, la vidéo d’un élève menaçant sa professeure avec une arme factice dans le lycée Édouard-Branly, à Créteil (Val-de-Marne), a suscité l’indignation jusqu’au sommet de l’État. 

Dans la foulée, des milliers de professeurs ont réagi sur Twitter en partageant leur expérience sous le hashtag #PasDeVague, avec de nombreux exemples de cas de violences étouffés par l’Éducation nationale.
Quelle forme prend cette violence dans les établissements du second degré ? Qui sont les auteurs ? Des statistiques officielles peuvent aider à apprécier le phénomène même si elles se basent sur les déclarations des chefs d’établissements, accusés par certains enseignants de taire la réalité pour des questions de réputation.

Un nombre stable d’incidents “graves” 

Les collèges et lycées publics ont connu un nombre moyen d’”incidents graves” stable pendant l’année scolaire 2016–2017 avec une légère augmentation des vols mais une diminution de la consommation de stupéfiants, selon une étude rendue publique en décembre 2017. Il n’existe pas de chiffres officiels plus récents. 

Le taux moyen est de 13,8 incidents pour 1 000 élèves, un taux proche de celui enregistré en 2015–2016, indique la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), qui dépend du ministère de l’Éducation nationale. Dans un établissement sur cinq, aucun acte grave n’est déclaré. 

La Depp note que l’intensité de la violence est cependant variable selon le type d’établissement. Elle est nettement plus élevée dans les lycées professionnels (25,2 incidents graves pour 1 000 élèves) que dans les lycées d’enseignement général et technologique (6,0 incidents graves). 

Une violence essentiellement verbale

Les atteintes aux personnes représentent 80,2% des incidents, contre 8,5% pour les atteintes aux biens, et 11,3% pour les autres atteintes (consommation et trafic de stupéfiants, port d’arme, intrusions sans violence, consommation d’alcool, suicide et tentative de suicide). Dans un cas sur deux, il s’agit de violences verbales.

La quasi-totalité des incidents graves recensés sont commis par des élèves (91,5%), très peu par le personnel (0,3%). Les autres actes sont le fait de familles d’élèves ou de personnes extérieures à l’établissement.

Environ quatre incidents sur dix sont commis par des élèves envers le personnel de l’établissement, très souvent un professeur (sept cas sur dix). “Cette violence, verbale dans plus de 80 % des cas, est avant tout commise par des garçons. Elle se produit surtout en salle de classe ou en atelier et donne lieu à une exclusion, temporaire ou définitive, dans plus de 90 % des cas”, écrit encore la Depp. 

Via le mouvement #PasDeVague, de nombreux enseignants ont pourtant raconté l’absence de réactions de leur hiérarchie face à la violence de certains élèves.